Les poings dans les poches (1965) 8/10 Bellocchio, Lou Castel, Paola Pitagora

Temps de lecture : 2 minutes

Film italien de Marco Bellocchio (26 ans alors!)

Une sorte de thriller en forme de huis clos familial.

Dans cette famille qui cumule mal-cuits et impotents. Les rôles ne sont totalement déterminés, en tout cas au début.

L’exposition en demi-teintes des personnages est particulièrement réussie.

Le scénario semble se réorienter à la faveur des circonstances. Ce qui donne de la fluidité à cette sombre histoire.

Le grand frère, en pater familias, tente de protéger et de raisonner tout ce petit monde. Il donne de sa personne et sacrifie ainsi ses projets et son émancipation.

Pensant bien faire, le frère épileptique et un brin psychotique (Lou Castel) entreprend de diminuer le fardeau financier qui repose sur les épaules de l’aîné. Il cherche à éliminer la mère aveugle, un frère abîmé…

Avec au centre de toutes les attentions, la jeune sœur, la belle Paola Pitagora. Grâce à une caméra amoureuse, cette face d’ange illumine le scénario. Un clair obscur qui transfigure cette jeune madone façon Renaissance.

Une version revisitée de la Belle et la Bête.

Le bien et le mal se côtoient sans franches limites. Les uns et les autres sont à la fois révoltés et complices.

Tout le monde joue bien ici. Ce qui donne à cette œuvre passablement irréaliste, quelque chose de l’ordre du possible.

Avec eux, on s’immisce, en voyeurs privilégiés, dans les sombres recoins de la tragédie humaine.

Avec un je ne sais quoi de pervers, sulfureux et jouissif. Un peu comme cette douleur « exquise » de certains maux de dents. On appuie là où ça fait mal, et ça fait du bien.

Mais oui allez, pousse ta mère dans le précipice, noie ton frère, aime ta sœur, explose la famille et les conventions !
Et vive les mauvais sentiments (au cinéma) !

Ce film ne pouvait échapper au regard pénétrant d’un très grand du cinéma, l’iconoclaste Pier Paolo Pasolini. Il dira très joliment, Les Poings dans les poches appartient « au cinéma de prose mais une prose bien particulière, une prose qui bien des fois déborde vers la poésie. »

voir également la critique élogieuse de Pierre Siclier : https://www.leblogducinema.com/critiques/critiques-films/critique-les-poings-dans-les-poches-1965-99967/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Poings_dans_les_poches

Lou Castel
Paola Pitagora
Marino Masè
Liliana Geraci
Pierluigi Troglio
Jenny MacNeil
Irene Agnelli

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