Les sombres eaux du Wannsee (2011) 8/10 pleurs et bonne humeur

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Le titre va évidemment dans le sens des heures sombres de ces lieux. Mais le documentaire est plus nuancé et c’est très bien comme cela.

Cette Wannsee, qui sonne désormais comme un coup de fouet, n’est pas en soi un lieu maudit. Les meilleurs endroits de baignade d’une capitale loin des mers, sont d’abord synonymes de bon temps.

  • On a ce phénomène aussi en Alsace, de même tradition concernant ces plans d’eau – confer par exemple : Baggersee_(Strasbourg) – je ne vais pas la ramener avec ce qui fut ma première pataugeoire, en présence de Mamie ma grand-mère.

Cette baie naturelle berlinoise a donc aussi accompagné des moments de bonheur, pour de nombreux citadins. Soit qu’ils aient été si riches qu’ils aient pu se faire bâtir des villas merveilleuses avant 1933, soit qu’ils aient été plus modestes et se soient contentés de se baigner du côté opposé.

Hannah Arendt avait introduit le brillant concept de la banalité du mal en pensant d’ailleurs tout particulièrement au procès Eichmann à Jérusalem. Eichmann qui va être le greffier de la redoutable conférence du Wannsee. On peut supporter de tels contrastes entre le bien et le mal, pour les lieux aussi.

  • On peut rappeler que le très bienveillant Arbre de Goethe se dressait dans le camp de concentration de Buchenwald, situé près de Weimar. Ce n’est pas la faute du poète. Et c’est encore moins la faute de l’arbre.

Cela dit, il y a bien eu des spoliations de villas juives, comme celle du peintre Max Liebermann, rachetée à vil prix. Et les nazis y ont employé des travailleurs forcés juifs. Ils ont aussi déporté du monde. Et personne n’oubliera que les rives de la Wannsee sont le lieu ultime de planification de la solution finale. Le sort de 6.000.000 de juifs y a été scellé en deux heures.

A noter que la villa Marlier qui a été le siège de la Conférence, appartenait à Friedrich Minoux, un compagnon de route du national-socialisme. Elle n’est pas un bien juif spolié. L’achat en a été fait pas l’infâme Reinhard Heydrich. Et ceux qui l’occupent à présent sont chargés du souvenir. Mais comme le dit un directeur (voir la photo aux lions), il ne va pas s’en sentir mortifié chaque matin.

Bien d’autres choses ont été réalisées à cet endroit. Le reportage parle des hydravions américains qui plongeaient ici lors du blocus de Berlin. On pourrait citer un dispensaire antituberculeux. Un centre de commande de la guerre, transformé en abris anti-atomique pour 600 personnes…

Non les lieux ne sont pas maudits. Ce qui est fait par les uns peut souvent être défaits par d’autres. Et bien entendu on ne peut oublier les taches indélébiles.

https://www.lemonde.fr/archives/article/1965/06/01/l-arbre-de-g-the_2177324_1819218.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Villa_de_Wannsee

https://fr.wikipedia.org/wiki/Conf%C3%A9rence_de_Wannsee

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