Les Survivants (Alive) (1993) 7.5/10 mangez vos morts

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Les Survivants (Alive) (1993) 7.5/10

C’est une histoire connue de tous, en tout cas dans ses grandes lignes. Celle de ces fameux rescapés du crash d’avion en 1972, qui ont survécu 72 jours dans la très hostile Cordillère des Andes. Vous vous souvenez, ils ont été condamnés à manger les morts pour leur survie. Qui n’a pas cauchemardé là dessus ? Qui ne s’est pas posé LA question ? Qu’aurais-je fait, à supposer que j’ai été un survivant ?

J’ose avouer que ce récit en l’état, m’a captivé tout au long de ces deux heures. Je m’y suis plongé naïvement comme quelqu’un d’impliqué qui découvre au fur et à mesure les problèmes posés et les solutions. Et quand les secours arrivent enfin, avec la musique triomphale qui accompagne toujours la cavalerie, j’ai marché. J’ai été ému comme un gamin. Où est donc passé mon esprit critique ?

En prenant du recul on peut tout de même se poser quelques questions : Comment ne pas avoir des doutes devant tant d’héroïsme, tant d’organisation et si peu de bassesses. Le film ne cherche-t-il pas à arrondir les angles ? Veut-il préserver la paix des familles et/ou ne pas prendre le risque de procès ?

Et bien entendu, à plusieurs endroits on sent que le scénario est légèrement romancé. Comme cette mise en avant des dilemmes supplémentaires quand on est un couple ou bien frère et sœur.

Certaines actions sont un peu trop soulignées. Comme pour ce secours « spontané » et efficace porté par deux hommes qui s’arriment « instantanément » l’un à l’autre ; pour en retenir un troisième qui est à deux doigts de lâcher prise, juste au dessus d’un précipice. On verra quasiment la même scène de « mission impossible » à deux reprises. Une fois pour un immense morceau de glacier qui s’effondre au centimètre près juste là où il faut. Une autre fois pour un chemin qui s’arrête pile poil, dans un angle mort, au prochain tournant. Bien entendu, le réalisateur ne pouvait pas se priver de ces abords spectaculaires.

Un scénario de survival n’aurait pas joué sa crédibilité en rajoutant à ce grand drame une avalanche supplémentaire qui a fait sept morts de plus. Pourtant c’est bien là cette fameuse réalité qui dépasse parfois la fiction.

La consommation de chair humaine, qui est le point chaud, est amenée avec clarté. Il y a là, outre les détails, ce qu’il faut de crainte, de respect et plus pragmatiquement le sentiment d’avoir une vraie solution de survie.

A noter qu’en vrai, ils consomment le pilote en premier, avec pour briser l’obstacle, l’argument que par son erreur de navigation, il serait le grand responsable de la situation. Le méchant est puni rétrospectivement. C’est étonnant de voir comment on peut instrumentaliser la morale à des fins de transgression.

A leur retour ils ont d’abord nié fermement cette anthropophagie. Des bruits ont couru. Une photo de cadavre était compromettante. L’un d’entre eux a fini par cracher le morceau en conférence de presse, tout en tentant de le travestir en Sainte Scène. Il a été applaudi pour le courage de sa révélation.

A priori c’est un immense péché et cela pèse en terre andine très catholique. Mais ils ont obtenu l’absolution du pape Paul VI. Ceci n’est pas dit dans le film.

Mais finalement l’essentiel est là : les difficultés de la prise de décision dans les situations totalement nouvelles et extrêmes. L’urgence et la patience. Le hasard et la raison. Les choix dictés par la pénurie. La nécessité de la cohésion et d’un chef. Les limites de son pouvoir. L’obligation de l’entraide. La médecine de fortune et le principe du bon samaritain. Les rapports de la nécessité, de la loi, de la morale et/ou de la croyance religieuse. Autant de soutiens ou autant d’obstacles ? Le regard des autres. Ceux d’ici qui peuvent comprendre et ceux d’ailleurs pour lesquels on pressent que ce sera plus difficile. Les limites physiques et psychiques de l’homme.

L’affaire est prise en main par de vigoureux gaillards d’une équipe de rugby, les “Old Christians”. Ces uruguayens ont affrété un avion pour se rendre à nouveau au Chili. Pour rentrer dans leurs frais, ils ont vendu les places restantes à des proches. Après la chute, ce sont ces jeunes dans la vingtaine qui organisent judicieusement la survie.

On se doit de saluer les bienfaits du sport et de son éthique. Sans oublier la cohésion fraternelle des équipes. A l’épreuve du feu – ou plutôt de la glace – ils sont bien présents. Les photos des survivants sont là : https://www.viven.com.uy/sobrevivientes/

Les acteurs sont bons ou très bons. On connaît le talent de Ethan Hawke. Il doit être difficile de ne pas en faire trop.

Très élégamment, la descente finale vers les vertes vallées et la civilisation, n’est que « survolée ». Mais c’est plus parlant que de longs détails. Il n’y a pas besoin d’effusions supplémentaires. Le retour triomphal en hélicoptère suffit amplement.

Vous pouvez vous rendre sur Google maps en vue satellite avec la locution clef « Memorial e Cruz Mestre » pour avoir une idée de l’exploit.

Si vous supportez les 4000 mètres d’altitude et le froid, vous avez la possibilité également d’aller sur les lieux. Chaque année une expédition est organisée.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Survivants_(film,_1993)

Ethan Hawke
Josh Hamilton

Envoi
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