L’île aux adieux (1976) 4.5/10 George C. Scott

Temps de lecture : 3 minutes

(Islands in the Stream)

« Le trop de quelque chose est un manque de quelque chose ». Proverbe arabe.

Un mélo bien ambitieux et plutôt raté, qui serait inspiré par une nouvelle posthume d’Hemingway.

  • On sent d’ailleurs que l’écrivain célèbre (ou plutôt le réalisateur) a mis là dedans pas mal d’éléments de sa vie : plusieurs mariages, allusion à son passage à Paris et au Ritz, Cuba et pêche au gros,amitiés, engagement volontaire dans la guerre, tirs mortels, solitude, alcoolisme jusqu’à la cirrhose, ambiance dépressive…

C’est l’histoire d’un père, ses trois fils, ses deux femmes et ses deux amis. Le récit commence en 1940.

George C. Scott joue le personnage principal, le chef de famille énergique et au grand cœur (*)

Ce père qui vit en solitaire, est devenu un artiste de la ferraille. Cet homme impressionnant et respecté, a fini par trouver sa place sur une île des Bahamas (UK alors). Il a une vie pépère dans une grande maison du littoral, avec la discrète compagnie de son collaborateur, serviteur et ami noir. Il se distrait des sorties de pêche en haute mer, avec un bon camarade alcoolique, mais dévoué et sympa. Il fréquente une femme mûre « intéressée », de temps en temps.

Ses enfants vont le rejoindre pour les vacances.

Ils adorent leur père, sauf peut être le plus jeune qui lui reproche d’avoir battu un temps sa mère, la seconde épouse, dont il s’est séparé également.

Mais grâce à une grande et improbable chasse à l’espadon, dont le gamin sera le héros, ils feront la paix.

Mais comment croire une seule seconde que ce gosse maigrichon, puisse maîtriser la bête musclée d’une demi-tonne ou presque, pendant trois longues heures, avec la seule force de ses bras. C’est vraiment grotesque.

D’ailleurs on voit très bien que les plans du poisson qui se débat, sont des rushes rafistolés, venus de plusieurs autres films, et qui sont rajoutés à la scène. C’est franchement mal fait.

L’aîné, 19 ans, veut faire la guerre et va s’engager comme pilote de chasse.

Plus tard, on assiste à une curieuse mise en scène où sa maman, la première femme, que le père aime toujours, va visiter son ancien mari, à son tour sur l’île. Elle lui annonce son futur mariage avec un général… puis elle se donne à lui.

C’est « Un été 42 » (Summer of ’42 – 1971), c’est à dire l’amour transposé d’une personne à l’autre, lors d’une grande détresse, juste pour une fois.

Le père devine alors qu’elle n’est venue en réalité, que pour lui annoncer la mort de leur fils aviateur.

Après avoir digéré tout cela, le père finit par se décider à rejoindre ses deux derniers enfants, qui vivent aux États-Unis. Il fait la traversée dans son petit cabin-cruiser, avec ses deux acolytes. S’en suit une histoire de sauvetage en mer de réfugiés juifs, qui tourne mal. Là encore dans des péripéties, mal ficelées et peu crédibles.

Un tel mélo ne peut se terminer que par la mort grandiloquente du héros. Il est touché par une balle à Cuba. Il a bien vécu, il ne regrette pas sa vie, il nous le dit dans son agonie. Comme si le bonheur passé pouvant se conserver dans l’au delà, et que le seul souvenir effaçait la douleur et l’angoisse du dernier passage. Du cinéma ?

Morale convenue et lourdingue, clichés de toutes sortes, amours inoxydables, scénario qui part un peu dans tous les sens, pathos à chaque coin de rue, mythologie des tropiques, omniprésence du Patton des Caraïbe : ce film ne peut pas laisser un grand souvenir.

  • (*) George C. Scott :
  • Un acteur, frappé lui même, et qui a si bien interprété les généraux psychorigides : Général Patton en 1970 = Oscar du meilleur acteur, qu’il refusa pour des raisons nébuleuses – Général Turgidson dans Dr Folamour en 1964…
  • Cet acteur est décrit dans le milieu, comme caractériel et inquiétant. Il deviendra également alcoolique.
  • Ici, il se contrôle, mais de peu. On s’attend à tout moment qu’il s’emporte. Il n’en fera rien, mais la tension est perceptible.
  • A noter qu’il fait son maximum pour ressembler à l’auteur nobélisé. barbe blanche bien taillée, allure solide et bourrue, grande âme… Un presque-Hemingway qui finit par ressembler au portrait bien connu (Karsh, 1957). https://karsh.org/hemingways-brain/

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%8Ele_des_adieux

George C. Scott
David Hemmings
Gilbert Roland

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