L’Impératrice Yang Kwei-Fei (楊貴妃, Yōkihi) (1955) 7/10

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Un film japonais très coloré que l’on doit à Kenji Mizoguchi.

Il y a un côté comptine kitsch, qui n’est pas si désagréable que cela, dans ce récit historique. Je suppose que cette affaire qui a une part de vérité est un peu mythologique, quand même. Et je me permets de dire cela sans me moquer aucunement du bagage culturel chinois que ce film transporte. Au contraire j’aime bien ce chromo.

Au VIIIe siècle, l’empereur Xuan Zong se morfond. Sa première épouse bien aimée est morte. Il vit dans son souvenir et n’arrive pas à passer le cap.


Ses ministres s’inquiètent de sa mélancolie. Eux, mais aussi quelques intrigants, veulent à tout prix qu’il prenne une nouvelle femme, pour qu’il passe enfin à autre chose.

Notre monarque musicien n’est pas vraiment prêt. Jusque là, il rejette toutes les candidates.

Pourtant le clan Yang parvient à glisser dans son lit la belle cousine Kwei-Fei, qui n’était jusque là qu’une Cendrillon.

Elle est consciente d’être manipulée par sa famille et s’en ouvre à l’empereur. Celui-ci apprécie sa sincérité. Elle partage avec lui le goût de la belle musique. Et puis c’est une belle femme. Le tour est joué.

C’est une fille simple qui aime les plaisirs populaires. Une nuit elle pousse son concubin à l’accompagner dans une fête qu’affectionnent les humbles sujets. C’est pour lui le plus beau moment de sa vie. Il se sent bien mieux ici, dans la rue avec les autres, que dans son palais.

L’empereur retrouve la joie de vivre et le sourire qui va avec. Et comme il dit : « nos rythmes s’harmonisent, nous sommes à l’unisson ». Cette synchronisation est bien entendu une bonne chose.

Mais les Yang attendent en retour de leur bon service, qu’on leur donne des postes clés. Ils se faufilent aux plus hauts étages du pouvoir.

Ils se conduisent mal. Le peuple mécontent veut leur peau à tous et à toutes, mais conserve leur estime pour l’empereur.

L’impératrice Yang (*) doit donc être sacrifiée pour sauver l’empereur. C’est assez christique cette mort pour racheter les péchés du monde.

Ce scénario promeut la simplicité, la franchise, les élans du coeur. Le mal, c’est le calcul, la ruse, la duplicité.

Là encore on est étonnamment dans le registre des promesses du bonheur posthume avec de curieuses analogies que l’on retrouve dans Le sermon sur la montagne :

Bienheureux les pauvres d’esprit… Bienheureux ceux qui sont doux … Bienheureux ceux qui pleurent … Bienheureux ceux qui sont affamés et altérés de la justice … Bienheureux ceux qui ont le cœur pur … Bienheureux les pacifiques … Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice … vous serez heureux lorsque les hommes vous chargeront de malédictions, qu’ils vous persécuteront, et qu’ils diront faussement toute sorte de mal contre vous à cause de moi.

Et d’ailleurs on entendra en final, l’ex-impératrice qui est dans le royaume des morts et qui vient chercher l’ex-empereur âgé. Promesse de paradis pour les gentils, qui ne dépareille pas avec la doctrine chrétienne.

Ces sentiments miséricordieux seraient donc transculturels, voire universels ?

(*) C’est plus la maîtresse privilégiée du harem qu’une authentique impératrice :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yang_Guifei

La belle Yang Yuhuan (楊玉環) (719-756), connue généralement sous le surnom de Yang Guifei (chinois simplifié : 杨贵妃 ; chinois traditionnel : 楊貴妃 ; transcription pinyin : Yáng Guìfēi) était la concubine favorite (c’est le sens du mot guifei) de l’empereur Xuanzong des Tang, qui régna de 712 à 756. Bien qu’elle ait été une concubine de haut rang, elle ne s’est jamais mêlée de politique (contrairement à Wu Zetian). Elle est l’une des quatre beautés de la Chine antique.

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Imp%C3%A9ratrice_Yang_Kwei-Fei

Machiko Kyō
Masayuki Mori
Sō Yamamura

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