L’invitation. Film suisse. Goretta. Michel Robin. Bideau. 7/10

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Le triomphe des humbles.

En 1973, le cinéma francophone était un peu paresseux. Une sorte de léthargie et d’indécision, qui faisaient suite aux sérieux remous de 68.

Le réalisateur Claude Goretta nous gratifie d’un « film de bureau ». Les héros en sont de modestes employés. Ils vont à une garden-party organisée par le plus effacé des leurs. Ils sont accompagnés par leur patron. Ce dernier est un peu bousculé, mais il arrive à garder une certaine hauteur.

Le très modeste rond-de-cuir, très bien joué par Michel Robin, voit son horizon basculer complètement, lorsque sa mère, son seul contact, décède subitement.

Il échange son très modeste pavillon de banlieue contre une propriété de haut luxe. C’est étonnant et cela reste inexpliqué. Peut-être que l’ancienne propriété bloquait un projet urbanistique et qu’il a pu négocier bien haut de ce fait. Autre supposition, les créateurs veulent nous embarquer dans un teasing sans forcément qu’il y ait une clef. Cela se faisait à l’époque, alors qu’on était à peine dégagé de la pensée surréaliste.

C’est lui qui invite, alors qu’il est sorti de 2 mois de deuil.

L’intérêt vient du jeu intense des acteurs. On peut compte aussi sur la psychologie des personnages, telle qu’elle est mise à nue par les excès d’alcool combinés à la chaleur d’été.

Les auteurs nous exposent sans mépris ce petit monde rarement exploré des dactylos et autres tacherons entre quatre murs.

Mention spéciale pour Jean-Luc Bideau qui fait l’affranchi, le pitre et finit par irriter pas mal de monde. On en connaît des extravertis comme cela. Les jeunes femmes agacées, mais aussi intéressées par cette forte personnalité, ne savent plus trop quoi penser de ce bon vivant, un peu vulgaire.

François Simon, dont le profil ne nous est pas inconnu, nous fait un énigmatique majordome Émile. On a du mal à cerner ses limites. Cette énigme est aussi utile que la précédente concernant le financement de la villa.

On reconnaît facilement ce second rôle récurrent qu’est Jacques Rispal. Il est suspendu au téléphone d’un bout à l’autre.

Jean Champion incarne le personnage austère, antipathique et plein des principes. Comme souvent.

Les femmes sont moins connues. Mais on peut quand même citer Corinne Coderey, Cécile Vassort, Rosine Rochette, Neige Dolsky, Lucie Avenay.

Alors que penser de ce film de 1973 ? Ce scénario sent bon la pièce de théâtre. Il en a les unités classiques. Cependant grâce à de belles évasions, il échappe à la rigueur habituelle de ce registre.

Certains y verront une critique « politique » des rapports de bureau. Mais je ne pense pas qu’il y ait une telle ambition, ou un quelconque mépris là dedans. Il s’agit juste d’une tranche de réalité suspendue. Et le monde continue de tourner.

Le jury, agréablement surpris, lui donnera son prix (du jury), au Festival de Cannes.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Goretta

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Luc_Bideau

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Simon_(acteur)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Champion

https://fr.wikipedia.org/wiki/Michel_Robin

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