Loi du Seigneur – Film western Avis. Gary Cooper – Résumé. (1956) 5.5/10

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Un film dont on ne sait pas trop s’il est flatteur pour les Quakers ou non. (Friendly Persuasion)

On a d’un côté la vertu. Elle est incarnée, comme il se doit, par une jeune maman blonde aux yeux clairs et au sourire satisfait. Cette madone classique, jouée par Dorothy McGuire, est très liée aux vénérables anciens. C’est une inconditionnelle de la non violence. Dans cette communauté grise, rigoriste et ultra encadrée, la doctrine est de tendre l’autre joue, quoi qu’on vous fasse.

Mais à bien y regarder, leur attitude est tout sauf paisible. Si l’on se donne la peine d’y réfléchir, il règne un esprit sectaire dans cette communauté. Ce sont les mots et l’ostracisme qui font mal ici.

Et puis il y a cette idée fixe fataliste qui leur fait dire, que quoi qu’il arrive, c’est la volonté de Dieu.

On est obligé d’être heureux, ou de la paraître, avec ce bagage là. On est vraiment dans le domaine du piège idéologique.

De l’autre côté, on a le monde « normal ». Nous sommes en pleine guerre de sécession, et au nom de la liberté, les soldats bleus veulent réduire les esclavagistes sudistes. Ces militaires défendent les gentils, y compris ce qui ne lèvent pas le petit doigt. C’est quand même irritant de se donner de la peine pour ces pacifistes qui ne donnent pas de leur personne en retour.

Entre les deux, on trouve Gary Cooper, passablement étouffé par sa femme et ses nombreuses assignations de tempérance extrême : pas d’esprit de compétition, pas de boisson, pas de musique, pas de danse, pas de foire… Tout en composant habilement, il se permet quand même de petites libertés, mais sans aller jusqu’à l’émancipation. Les dirigeants de ce milieu austère tentent de le remettre dans le droit chemin, c’est à dire dans le maintien hypocrite des apparences.

Les choses se gâtent quand le conflit armé est à leur porte. Que vont devenir les théories, si sa propre famille est menacée ? Et comment vont réagir les idéologues ? Bien sûr, la non-violence jusqu’au-boutiste voudrait entraîner tout le monde dans son sillage, par l’exemple, et faire cesser ainsi toutes les guerres. Mais c’est présupposer que l’humanité est toute entière foncièrement angélique, que chaque méchant est un gentil qui s’ignore. Ce qui est loin d’être le cas.

Le réalisateur William Wyler a pris le risque de s’immiscer dans cette problématique casse-gueule.

Mais il est assez malin pour laisser le destin faciliter les choses.

Le scénario, permet des enchaînements qui tombent tellement à point, qu’ils flirtent parfois avec l’incohérence (ou la providence?).

Il met en scène juste ce qu’il faut de réactions de ces objecteurs de conscience, pour qu’ils ne perdent pas leur âme, et assez de pugnacité pour qu’ils ne passent pas pour d’encombrants poids morts.

Concrètement, certains membres de la famille prendront les armes, mais n’auront pas trop à se salir les mains. Ils pourront même faire preuve de générosité en pleine guerre (mouais). C’est le cas du fils interprété par Anthony Perkins, mais aussi du chef de famille. Et donc en, ménageant la chèvre et le choux, ça passe.

D’autres donneront gîte et couverts à l’ennemi, mais ils seront amenés à se révolter quand même juste ce qu’il faut, pour que cela ne passe pas pour une complète compromission.

Avec ce « à la fois » cela passe aussi.

Pas sûr que dans la vraie vie, les choix n’aient pas eu à être plus radicaux et donc réellement impliquants. On a beau tourner cela comme on veut, il n’y a pas de guerres propres.

Même si le film est correctement réalisé par notre gloire mulhousienne (Wyler y est né), de par le miel qu’il y verse, il tend à endormir un peu trop nos consciences et/ou notre réflexion. Par principe, je n’aime pas trop ces fausses paraboles là.

  • (*) J’en ai vu des comme ça. Un jeune pasteur d’une micro-église locale, était tout fier de raconter qu’il avait été agressé par des brebis égarées dans un mauvais quartier et que bien entendu, il n’avait réagi qu’avec des paroles et sa foi. Il a pris cela pour une épreuve envoyée par Dieu. Il a quand même du détaler. L’assemblée, incitée à la vénération, était quand même un peu perplexe. Il manquait sans doute un miracle.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Loi_du_Seigneur

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