Deux heures d’un copieux programme, correctement coordonné à l’écran par Franck Ferrand. Notre présentateur bien propre de sa personne, soulève la plupart des polémiques que l’on connaît à présent au sujet de la fin de la vie de Jésus.
Ce sont des classiques, mais cette vulgarisation a le mérite de nous les rappeler une à une. Pour avancer dans ces thèses là, on doit faire nous aussi un cheminement, direction Golgotha.
Il y a un consensus pour admettre l’historicité de Jésus. Il a existé, c’est un fait.
Par contre on peut relativiser tel ou tel point à présent.
Ce ne fut pas le seul prédicateur engagé, au sort funeste.
Mais on doit poser d’abord la question des lieux. Et là, le documentaire nous schématise bien les choses. Ce qui a été matérialisé par Constantin, cet empereur madré, peut se discuter. Avant son intervention sur les lieux, Jérusalem a été détruite à deux reprises. Il est donc difficile d’être parfaitement affirmatif, sur le pointage qu’il a fait. En croisant les écrits et les fouilles actuelles, on arrive à quelque chose de plus décalé, mais plausible. Il faut cependant déplacer le chemin de la passion, le lieu du jugement, le Saint Sépulcre et quelques autres positions. Dommage pour les gardiens du temple ! Ils se pourraient qu’ils ne soient pas au bon endroit.
De la même manière, on peut remettre en cause le calendrier. Juste un petit décalage, car il semblerait que les juifs ne pouvaient pas prononcer une condamnation si grave la nuit et une veille de fête juive.
La croix est le symbole le plus fort de la chrétienté. Mais cette peine était plus commune qu’on le croit.
Passons aux sujets les plus préoccupants.
La femme de Jésus. Un évangile caché en témoigne de manière claire. Une théorie prétend que c’était tellement banal qu’on n’avait pas à le relater dans les évangiles. Une autre soutient au contraire que c’était quelque chose de si honorable qu’au contraire on aurait du le souligner. Le pauvre réalisateur Cameron s’est embarqué dans la défense d’un Jésus époux de Marie Madeleine sur la foi d’un tombeau de pierre retrouvé où Jésus est cité comme époux de… C’est vite oublier que ce prénom était très commun. Et comme le dit un intervenant, ce n’est pas en exhumant de cercueil de François, Henri et Charles qu’on peut prétendre avoir déterré des rois de France.
- Mais bon, moi j’aime bien cette Marie Madeleine « meilleure que tous les disciples » et câline avec notre courageux héros.
L’évangile de Judas est bien entendu occulté par l’église. La version qui nous est parvenue est en copte et date du IIe siècle. Il va à contre courant de l’esprit de la trahison finale. Pour que s’accomplisse le destin de Jésus et le salut des hommes, il faut que Judas donne Jésus. Mais selon certaines parties de ce texte, ceci aurait été fait en bon entente entre les deux protagonistes. Jésus remercie Judas de le mettre ainsi en situation d’être crucifié. C’est audacieux. Mais il faut tenir compte du fait que Judas n’est absolument pas indispensable pour que l’action s’accomplisse. Tout le monde sait où est Jésus et qui il est. Il ne fuit, il n’est pas loin. N’importe quel policier de l’époque peut le prendre et le ramener à son procès.
D’autres parties sont moins tendres avec Judas.
Qui des Juifs ou des Romains a prononcé la peine de mort ? Qui doit endosser cette responsabilité ? La thèse la plus courante attribue cette mauvaise action au peuple déicide. Ponce Pilate se serait contenté d’avaliser et de se laver les mains. Ce qui serait le point de départ de l’antisémitisme. En réalité, ce ne fut pas le premier fauteur de trouble à être puni sévèrement par les occupants. Et le fouet, comme il lui a été d’abord appliqué, n’était pas une peine bénigne.
Le business des reliques.
La présentation des divers suaires et autres tissus maculés est autrement plus tendancieuse. C’est du au fait qu’on laisse s’exprimer un « historien » totalement gagné aux thèses les plus fumeuses. Un gars pas très sérieux qui « démontre » que ce sont forcément des tissus qui ont touché le Seigneur, puisqu’on y retrouve le même groupe sanguin, la même disposition. Voilà une déduction bien superficielle. Il en rajoute aussi avec des arguties qui tentent de neutraliser ces datations qui démontrent l’imposture.
J’ai cru un moment que notre brave Franck Ferrand s’était laissé piéger. Mais bon, la conclusion de ce chapitre est plutôt en faveur de l’arnaque.
D’ailleurs le documentaire enfonce le clou (pas celui de la croix) en dénonçant le juteux commerce des reliques. Avec le bois de la « vraie » croix qui a été ramené, on pourrait quasiment reconstituer une forêt entière. Un prélat dit à juste titre, que vraies ou fausses ces reliques ne changent pas sa foi.
Plein d’autres éléments sont passés au crible. C’est du bon boulot.
Je ne citerais que le port de la croix qui ne se faisait pas de la manière dont on croit. Seul le montant horizontal était porté par le condamné. Comment d’ailleurs aurait-il pu porter l’ensemble si lourd ? Et comment aurait-on pu planter la croix complète avec la victime dessus ?
On a a pas fini de voir des contradictions et des impossibilités dans cette belle histoire. Et c’est un plaisir de voir la qualité du travail des scientifiques qui s’y intéressent.
L’obstination des pères de l’église à vouloir défendre leur immuable version, mériterait d’être analysée à présent. Mais ça c’est une autre histoire.
Le surinvestissement dans ces valeurs mortifères a lui fait l’objet de vives critiques de Nietzsche.
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89vangile_de_Judas
https://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-S%C3%A9pulcre
https://fr.wikipedia.org/wiki/Golgotha