L’or parure des rois et des dieux, documentaire buzz, très allemand. 5/10

Un documentaire très allemand ? Chaque pays est attaché à sa culture et à ses découvertes. Lorsqu’il y a compétition de découvreurs, il est naturel que chacun voit midi à sa porte. Dans ce domaine les Français tenaient bien la route. Les Allemands se sont efforcés de les égaler. Le récit vient principalement de nos amis-ennemies héréditaires.

Dans la saga germanique, comme dans la nôtre, l’archéologie est quand même lourdement pondérée par l’argument d’autorité, qu’imposent la présence sur son sol des grands précurseurs. Parmi lesquels, bien sûr trône Heinrich Schliemann avec Troie et Mycènes, tout auréolé de sa sacro-sainte obstination ( aureolus = « d’or »).


Ce masque d’or dit d’Agamemnon de la cité de Mycènes, je le connais depuis l’enfance (*). Ce moustachu sympathique nous fait des signes par delà les millénaires (vers 1550-1500 av. J.-C.).

Sous le prétexte éclairé de remettre les choses à leur place, les chercheurs interrogés disent et redisent que l’or en soi n’a pas d’importance en archéologie. Ce qui compte c’est comment rattacher ses découvertes pour une meilleure reconstitution de ces faramineux puzzles historiques. Ils critiquent vertement ce cri « admiratif » du « mais, cela vaut combien » des profanes. Il faut s’intéresser davantage aux sources et aux significations. D’ailleurs l’or précolombien n’avait pas de valeur monétaire propre. L’or, trop malléable, ne servait pas à confectionner des outils. Pour les parures, cette couleur de soleil et son côté inaltérable avaient plus d’intérêt.

Le reportage ne le dit pas tant il est occupé à dévaloriser ce métal, mais le Tumi, ou couteau sacrificiel paré d’or, chez Toltec par exemple, avait quand même plus de valeur symbolique que ça. A moins que son côté « inoxydable », quand on tranchait les attaches d’un coeur humain encore battant, ou quand on trépanait, soit considéré comme très pratique.

Buzz ?

Je ne suis pas si admiratif que cela, de ce travail du réalisateur Almut Faass. C’est assez bordélique et superficiel, voire journalistique. Ce docu ne laisse pas vraiment s’exprimer les experts. Il en retient surtout ce qui va dans le sens du poil du quidam.

  • Par exemple, il ne manque pas de faire un tour par l’or de Toutankhamon et tout ce qui flatte les maigres connaissances du public :
  • La plus ancienne mine d’or « industrielle » se trouve en Roumanie. Il n’y a pas grand-chose à voir. C’est un « trou » dans tous les sens du terme. Ce côté recherche du top-ten du buzz, ne m’impressionne pas.
  • La légende de la Toison d’or est avant tout mythologique, mais le réalisateur veut nous emmener, comme Schliemann en nettement moins bien, sur la possible connexion avec des réalités d’orpailleur. La laine du bélier pouvant servir à trier les matériaux. Un peu puéril ce petit jeu.
  • Le même raisonnement préside ici, dans l’irruption des inopinée des alchimistes. Certes ils voudraient transformer le vulgaire métal en or. Mais là encore, la fiction occulte la réalité… mais aussi la symbolique profonde.

***

(*) Perso

Le style cyclopéen de la ville des Achéens, a impressionné le petit homme que j’étais, comme d’ailleurs plus loin le palais de Cnossos. Le trio dorique, ionique et corinthien, rabâché par coeur dans le scolaire, pouvait de se tenir tranquille, c’était l’antiquité des péplums les plus mythologiques qui nous impressionnait. Vu au cinéma et approuvé.

Jeune enfant j’ai eu la chance de connaître la Grèce sous ses aspects antiques, grâce à un père scientifique mais de formation latiniste et helléniste. Il était féru de ces époques et s’interrogeait à voix haute : « le grec d’aujourd’hui ne se prononce pas du tout comme le grec antique qu’on a appris à l’école ; nos maîtres ont du se tromper ».

Sur place il « lisait » l’antiquité comme si les livres laissés par les anciens, étaient des bibles très réaliste (un peu comme pour Schliemann).

Il était tout étonné que du haut de mes huit ans, je n’en sache pas autant. A mon retour j’ai fait une rédaction sur mes « vacances », comme tous mes congénères. J’ai décrit l’ennuie de parcourir des centaines et des centaines de mètres d’allées de cruches décorées au musée d’Athènes. Je me suis fait engueuler, pour crime culturel : « comment, vous avez eu la chance d’aller là-bas, et vous n’en tirez que cela ? ». Je ne regrette pas d’avoir été sincère. Un peu plus tard l’existentialisme de La Nausée, m’a pour ainsi dire donné raison.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Masque_d%27Agamemnon

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Naus%C3%A9e

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ordre_architectural

https://fr.wikipedia.org/wiki/Heinrich_Schliemann

https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_de_Hammurabi

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mus%C3%A9e_de_Pergame

https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Koldewey

https://www.artsbma.org/guide/stop/411/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Toison_d%27or

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