Mado (1976) Sautet politique et social, bêtement, mais Piccoli + Romy Schneider 5/10

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Dès qu’un film des années 70 commence à parler de mauvais prometteurs et de jeunes vertueux, je sors mon pistolet. Surtout quand c’est Sautet qui nous fait la leçon.

Que ce cinéma « politique » a mal vieilli !

Je prêche pour qu’on déboulonne enfin la statut de ce très inégal réalisateur. Pas facile quand même un Tavernier le défend. Il faut quand même dire qu’ils sont du même bord.

Michel Piccoli est un presque gentil, en ce sens qu’il est lui aussi un promoteur immobilier, mais qu’il fera une sorte d’acte de contrition. En langage communiste on appelle cela une autocritique.

D’ailleurs les jeunes, quasi des Ferrailleurs, le lui reprocheront malgré son aide. De part son métier il est forcément dans le mauvais camp.

Il ne suffit pas de réduire en miettes cet entrepreneur et fieffé salaud incarné par Julien Guiomar pour devenir un compagnon de route de la classe ouvrière.

Et qu’importe que Piccoli s’oppose à la corruption avec ces politiques, qui sont forcément de droite et que lui ne soit pas favorable à une compta truquée…

Enfin, on ne roule pas en DS Pallas siège cuir, mais en vieille 403 pourrie si on veut être des leurs. Et puis il y a l’atavisme avec ce père Claude Dauphin en jouisseur qui boit du chateau-margaux avec un franc mépris de bourgeois.

Guiomar a lui toutes ces tares, de plus c’est un repreneur d’entreprise en faillite, donc un vautour façon le futur Bernard_Tapie.

Pour couronner le tout, la pauvre Mado Ottavia Piccolo est obligée de faire la semi mondaine avec ce genre de vieux là. Elle pratique la pute, sans le savoir. La répugnance est à son comble. (Petite parenthèse : elle joue mal)

  • « Il cherchait la provocation. Lorsqu’il était à point, il hurlait dans le café que le rêve de sa vie serait de pendre le dernier curé avec les tripes du dernier bourgeois et de le laisser sécher au soleil un été durant ». — (Bernard Thilie)

Les jeunes sont forcément vertueux puisqu’ils ont choisi la bouse de vache plutôt que le béton. En plus ils ont des cheveux mi longs, ça ne peut donc pas être des méchants.

Jacques Dutronc est entre les deux. Il joue effacé et plutôt bien. Il est lui aussi obligé à des compromis pour retrouver un boulot de comptable, mais il garde la tête haute et les mains propres. Et donc forcément la justice immanente marxiste va lui faire cadeau de la Mado.

J’ai toujours autant de mal à voir Charles Denner, L’Homme_qui_aimait_les_femmes, en tombeur, à part quand il fait Landru.

On sent que tout ces scénaristes se sont creusés la tête pour tenter de faire une intrigue plausible : Claude SautetGilberte Chatton et Claude Néron, d’après une nouvelle de Gilberte Chatton.

Mais le résultat n’est pas là, cela semble bricolé. Cela se veut réaliste mais cela devient tarabiscoté.

Et puis c’est bien trop long et les parties sont singulièrement déséquilibrées. Comme par exemple ce passage affreusement inutile lorsqu’ils sont embourbés et qu’ils vont au bal etc.

On a le temps de laisser l’esprit vagabonder et de nombreuses fins sont possibles. Pas sûr que Sautet ait choisi la meilleure.

Les ambiances « copain », façon « marche en avant » vers des lendemains qui chantent, sont surfaites. Et puis c’est toujours un peu le même cinéma, on voit cela dans Vincent, François, Paul… et les autres et ailleurs

Le seul intérêt du film, ce sont les échanges au sein des ex que sont Michel Piccoli et Romy Schneider. Là vraiment on sent le souffle et la qualité. Mais cela ne dure vraiment pas bien longtemps. Romy meurtrie et alcoolique en demande d’aide, c’est vraiment du bon boulot.

En 1975 Séria réalisait Les Galettes de Pont-Aven, d’un bien autre niveau, avec le même Bernard Fresson. On peut mesurer l’abyssale différence !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mado

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