Maman a cent ans (1979) 8/10 Saura, Chaplin, Amparo Muñoz au sommet de l’univers

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Pour notre bien à tous, ce film sort clairement des canevas habituels. Pourtant il respecte le spectateur, grâce à sa cohérence générale, son rythme fluide et sa belle moisson d’idées.

La première particularité tient au fait que notre auteur repart de la donne de son film Anna et les Loups (Ana y los lobos) (1973). Pendant un moment je me suis demandé si je n’avais pas déjà vu ce film. Mêmes acteurs, même « finca » de Torrelodones, même grotte, même ambiance…

C’est un atout pour ceux qui ont déjà été sensibilisés par ces personnages. On démarre avec en tête, une certaine consistance psychologique. Même si des éléments peuvent avoir changé.

A noter que ce film n’est pas vraiment une suite et peut parfaitement se voir indépendamment du premier. Un peu comme pour les albums de Tintin.

  • Geraldine Chaplin est toujours Ana. Celle qui fut la gouvernante, et qui se demandait où elle était tombée, revient à présent mariée à Antonio, Norman Briski. Cet homme est donc le petit nouveau. C’est lui qui est maintenant chargé de s’étonner des bizarreries de cette famille.
  • La magnifique Amparo Muñoz est Natalia. Cette ex Miss Univers (en vrai) est en manque d’homme. Elle tombe notre Antonio, qui n’est pourtant pas vraiment un canon. Mais cela permet de s’identifier à d’intéressantes scènes chaudes. Ana, la femme légitime, va devoir composer avec. Je ne me souviens pas que cette beauté ait été dans le premier film. Mais bon, c’est une très bonne recrue.
  • Fernando Fernán Gómez joue à nouveau Fernando. Cet homme qui vit à part et qui se réfugiait jadis dans un profond mysticisme (la grotte). Ici il est tout aussi à côté de la plaque et cherche à s’envoler avec son aile delta. Ce qui n’est pas possible quand on démarre à plat.
  • Ce n’est pas bien de mentir M Carlos Saura. Cette maman là, Rafaela Aparicio, n’a pas 100 ans mais 73 ans en vrai, et cela se voit. Elle tient parfaitement ce rôle complexe : mi-perdue du fait de sa condition physique et mentale et mi-consciente de ce qui se trame ici. Et elle trône toujours à la tête de la tribu, malgré les handicaps de son présumé grand âge.
  • Charo Soriano est dans le film, la femme aigrie et agaçante de Juan (José María Prada). Elle attend son heure dans cette famille souche. Ce couple dissocié a absolument besoin de l’héritage. Il faut précipiter les choses. Ils mènent la cabale en manipulant en plus le pauvre Fernando.
  • Ángeles Torres est la sœur, bien moins gracieuse, de Natalia. Elle joue un personnage plus hommasse et n’hésite pas à se travestir avec une veste militaire. Bien vu.
  • Elisa Nandi est une petite fille qui assiste à tout cela, en étant plus moins consciente qu’il se trame quelque chose. Saura aime bien ces personnages plus ou moins innocents (moins dans l’extraordinaire Cria Cuervos)

Quelques plans sont divinatoires et/ou oniriques. On flirte alors avec l’irréalité. Mais juste ce qu’il faut. Cela ne contamine pas tout le film.

Vraiment un très bon film, à condition d’accepter la belle étrangeté du cinéma de Saura.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maman_a_cent_ans

https://fr.wikipedia.org/wiki/Amparo_Mu%C3%B1oz

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