Mathieu Bock-Côté. Multiculturalisme. Terrorisme idéologique. Nazification. Pathologisation.

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  • Le multiculturalisme en débat : retour sur une tentation thérapeutique – Mathieu Bock-Côté – Candidat au doctorat en sociologie – (2010)

Libre Critique : Le Québec est situé en première ligne des affrontements intellectuels, concernant l’épineuse question de l’acceptation ou non du multiculturalisme. Mais cette riche expérience est parfaitement transposable à tout le monde occidental maintenant.

Mathieu Bock-Côté montre la transformation du marxisme en faillite, en une religion de promotion des minorités. Lesquelles présumées spoliées auraient droit à une discrimination positive et autres compensations.

Note mentale : penser à demander des deniers aux Italiens pour cause de colonisation romaine de la Gaule.

Il s’agit de trouver un nouveau monopole du coeur, si cher à ces dogmatiques para-chrétiens. C’est une ligne d’attaque qui leur permet de dissimuler le patent échec de leur monomanie idéologique initiale, en particulier dans sa déclinaison soviétique.

La gauche radicale n’a pas transformé la société, mais elle a quand même imposé un modèle dans nos têtes. On vit en plein dedans et donc on ne se rend même plus compte de ses limites.

D’autant plus que nous sommes devenus un société paisible de bisounours. A quoi bon nous inquiéter jusque là ? Nous avons fait le vide dans nos têtes, ils en ont profité pour s’installer dedans.

Une certaine visibilité du choc des civilisations change la donne. Elle tend à bousculer les esprits et à faire qu’on a un plus à se préoccuper des idées. Il y a intérêt à se réveiller vraiment et à remuer les concepts. Et là on peut faire confiance à M Mathieu Bock-Côté et à son anticipation. Qu’on soit d’accord ou non.

Mais les hégémonistes multiculturalistes se battent pied à pied. Ils veulent conserver leur pouvoir sur les consciences, en particulier par la maîtrise des médias. Leurs intellectuels ont bati des systèmes d’autodéfense assez efficaces. Ils jouent sur des mécanismes de culpabilisation, dont les procès en nazification et/ou la pathologisation.

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Il y a fort à parier que de publier ce texte, fera que les mêmes danube de l’esprit, toujours actifs, tenteront désormais d’ostraciser (cancel) cette modeste publication. Espérons ne pas avoir droit à 15 ans de prison pour déviance, nous aussi.

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Je me suis permis de reproduire ci-dessous des passages saillants de la thèse de M Mathieu Bock-Côté de 2010, à des fins de discussion.

On ne peut que constater qu’il est resté ferme sur ses positions depuis – Cf ses propos sur CNEWS. Douze ans après cette « réaction » subit toujours les mêmes anathèmes.


Hégémonie idéologique de la la gauche multiculturelle

Il accuse la gauche multiculturelle de mobiliser ses ressources médiatiques, technocratiques et universitaires pour réaffirmer son hégémonie dans l’espace public.

Comment expliquer la tentation autoritaire de la gauche multiculturelle, qui au nom du pluralisme identitaire, travaille à l’éradication du pluralisme idéologique ?

parvient à reconfigurer l’espace public en y investissant ses propres catégories conceptuelles, pour mieux en exclure ses critiques.

Aron autre proscrit par la gauche bien pensante.

« Je devine qu’il pouvait en être ainsi lorsqu’on regroupait sous un même label les nombreuses chapelles de l’Église marxiste dans les années 1970 et qu’on renvoyait Aron hors de la communauté intellectuelle pour avoir reconnu dans la pluralité des sectes prolétariennes une même religion politique. »

Piège de la pensée / culpabilisation

Refus des autres modèles par la pensée gauche hégémonique

si l’espace public doit s’ouvrir à la critique des modèles concurrents dans la «gestion de la diversité», il doit se fermer à ceux qui s’entêtent dans la défense d’un nationalisme plus traditionnel n’ayant pas intériorisé la philosophie pluraliste, qu’on assimilera à une dérive réactionnaire ou populiste, au mieux conservatrice

Nous assistons ainsi à une annexion de l’espace public par le dispositif idéologique du multiculturalisme qui entend définir les critères de la respectabilité médiatique et politique

Sociétés occidentales et péché originel

nazifier subtilement la critique du multiculturalisme

Dans le rapport Bouchard-Taylor, ce basculement d’un modèle à un autre était ainsi narré: «comme l’ont montré nombre d’études historiques et anthropologiques au cours des vingt ou trente dernières années, les nations d’hier devaient souvent leur cohésion à des pouvoirs autoritaires qui opprimaient les différences et ne les toléraient que dans la mesure où elles échouaient à les détruire»47. Cette description symptomatique de la mauvaise conscience occidentale laisse croire que les sociétés occidentales se déprendraient tout juste d’un modèle usé coupable à grande échelle de crimes contre l’altérité, la démocratie devant désormais s’accoupler avec l’esprit pénitentiel pour accoucher de ses promesses égalitaires

La pathologisation du conservatisme (1): repli identitaire, peur de l’autre et dérive xénophobe

ceux qui font le procès de la mutation pluraliste de la démocratie s’accrochent nécessairement à un modèle historiquement disqualifié par l’expérience de l’altérité et leur discours serait d’abord symptomatique d’une pathologie sociale, Bouchard et Taylor l’assimilant ainsi au «parti de la peur, à la tentation du retrait et du rejet, à s’installer dans la condition de victime, à se replier sur un héritage qui, avec la baisse de la fécondité, ouvrirait sur un avenir sans horizon à long terme : un patrimoine figé qui isole et appauvrit, qui creuse des distances et conduit au durcissement identitaire plutôt qu’à un épanouissement. C’est le modèle de la peau de chagrin»

La pathologisation du conservatisme (2): le conservatisme comme système idéologique exclusionnaire et la sociologie antidiscriminatoire

une sociologie qui radicalise la pathologisation du conservatisme en le transformant en problème à résoudre de manière thérapeutique

Cette sociologie qui se décline sur le mode de la lutte au racisme, au sexisme, à l’homophobie ou à l’handiphobie prétend dévoiler le système discriminatoire qui mènerait à la marginalisation des minorités culturelles et sexuelles discriminées dans l’histoire de la démocratie occidentale

Les groupes subordonnés doivent faire valoir leur droit à l’égalité dans une perspective réparatrice.

La discrimination positive va ainsi bien au-delà du clientélisme identitaire : elle consacre en fait une inversion de l’égalité démocratique

Cette mutation de l’égalité libérale en égalitarisme identitaire correspond à une forme de socialisme multiculturel dans la mesure où la démocratie devrait reconnaître désormais comme horizon l’égalité substantielle des groupes qui la composent

souhaiter la privatisation des symboles religieux ostentatoires de certaines communautés culturelles tout en reconnaissant la légitimité de l’institutionnalisation des symboles de la société d’accueil dans une perspective historique et patrimoniale consisterait aussi à justifier un système discriminatoire, cette fois dans la perspective du néoracisme différentialiste

Le politiquement correct qui se déploie sur l’espace public installe un dispositif inhibiteur qui amène plus souvent qu’autrement les adversaires du multiculturalisme à relativiser leur critique, à la désinvestir de toute charge transgressive, pour ne pas voir s’abattre sur eux une collection d’accusations dévastatrices, servant à marquer ceux à qui on les destine du fer rouge du racisme.

Le paradigme pluraliste et la mutation pluraliste du marxisme

Le paradigme pluraliste qui domine l’imaginaire politique des sociétés occidentales et qui fait de la diversité le nouvel horizon de l’égalité démocratique correspond pratiquement à ce que nous avons appelé ailleurs une révolution idéologique, celle menée par la gauche progressiste dans sa conversion sur quelques décennies de la lutte des classes à la politique des identités

La gauche idéologique, pour maintenir sa radicalité critique, est ainsi passée d’une sociologie ouvriériste à une sociologie des marges identitaires et culturelles

L’intelligentsia, le peuple et la tentation thérapeutique

l’idéologie multiculturaliste trouve sa base sociale dans les élites intellectuelles, médiatiques et technocratiques, alors qu’elle est désavouée significativement par les classes moyennes et populaires

lorsqu’elle en reconnaît l’existence, la sociologie progressiste explique le malaise identitaire des classes populaires par le «vieux fond xénophobe » dans lequel elles baigneraient

On connaît alors la solution: il faut expliquer au peuple, encore et encore, les vertus du pluralisme identitaire

La sacralisation des chartes et la tentation autoritaire de la gauche multiculturaliste

La gauche multiculturelle assimile la défense de la souveraineté populaire à la «tyrannie de la majorité»100. Elle a ainsi réactivé la théorie des classes dangereuses en excluant de la délibération démocratique légitime les groupes de la population qui manifestent explicitement leur désaccord avec le multiculturalisme.

La question identitaire dévoile ainsi celle du régime politique. C’est pourquoi la question des chartes est aussi fondamentale, dans la mesure où elles entraînent, par leur sacralisation, une mutation de notre rapport à la démocratie

le grand récit de la culpabilité occidentale qui se renverse dans celui de l’ouverture à l’autre est celui des vainqueurs de la lutte idéologique et culturelle du dernier demi-siècle et il s’agit de questionner cette légende qui fonde la légitimité de l’État multiculturel. On verra peut-être alors comment le multiculturalisme, loin d’accomplir la démocratie libérale, la transgresse et finit par mener à son abolition.

https://www.erudit.org/fr/revues/bhp/2010-v18-n3-bhp04180/1054841ar.pdf

https://francearchives.fr/fr/facomponent/8695e8a15e1d9e159c111bbed0e774cac0ee3bfb

https://librecritique.fr/pensees-bock-cote-cnews-critique-gauche-mondialiste-progressiste-identitaire-woke/

Ci dessous AFFICHE GUERRE 1939-1945 Nazification (la vraie) de l’Alsace :

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