Mercredi 04:45 (2015) 7/10 Alexíou

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Voilà un film noir, atrocement noir, mais qui est transfiguré par la beauté de la couleur, l’esthétisme de la violence et le réalisme des personnages.

L’histoire est équilibrée, le récit est tendu, l’image est très belle et le découpage se révèle subtil.

On ne s’ennuie vraiment pas.

Le réalisateur-scénariste Aléxis Alexíou et ces acteurs que nous ne connaissons guère par ici, semblent avoir pas mal de bouteille.

Le décor, c’est une Grèce à la dérive, devenue très cosmopolite, avec de moins en moins d’assimilation et de plus en plus de conflits ouverts entre les ethnies.

Dans ce paysage agressif, on nous raconte l’histoire d’un homme à la dérive.

Il a monté une boite de jazz. Il privilégie un certain élitisme musical. On ne se précipite pas dans son club. Et en raison de la crise grecque, il perd encore plus de terrain.

Son couple bat de l’aile. Et il a tendance à prendre de la cocaïne pour tenir le coup.

Pour moderniser son établissement, il s’est couvert de dettes auprès de gens peu recommandables.

Là, il est aux abois.

L’usurier roumain qui lui a prêté à 3.5 % par mois, réclame à présent plus de 140.000 euros d’arriérés. Le cabarettiste n’a pas cette somme. Il n’arrive pas à faire rentrer ce que lui même a prêté aux autres, dont son frère. L’étau se resserre. Le bandit a un rude service d’ordre et est prêt à tout pour rentrer dans ses fonds. Pour solde de tous compte, il réclame la cession du club de jazz. Impossible d’y échapper.

En même temps, on assiste à une autre tentative de récupération d’argent, par la même équipe. Cette fois c’est un Albanais, tenancier de bar à filles qui est harcelé. Un gars qui n’est pas tendre et qui ne se laisse pas faire. Il n’a pas l’argent. Les malfrats prennent en otage son fils. Cela se terminera par une tuerie maladroite et sanglante.

Le premier emprunteur assiste à cela, ce qui le refroidit un peu plus. On ne joue pas avec ces gens là. On cherche même à le mouiller dans cette affaire.

Lorsqu’il se rend chez le Roumain, pour finaliser le transfert de son club, il arrive avec un flingue dissimulé dans la mallette qui contient le contrat de cession. On imagine que cela ne va pas être facile à un petit bonhomme inexpérimenté comme lui, de se faire justice.

Le côté souricière est habilement mené. On sent toutes ces portes qui se ferment les unes après les autres. Le scénario est vraiment angoissant.

Les portraits sont habiles. Et ce miroir aux alouettes, qu’est le monde de la nuit, est bien campé.

Un film vraiment intéressant et qui fourmille d’idées. Un nouveau témoignage de ce grand potentiel européen, disséminé ici ou là et qui mériterait d’être plus connu. Merci Arte !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Mercredi_04:45

Stélios Máinas
Dimítris Tzoumákis
Mimi Branescu

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