Mister Radio (1924) 7/10

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Ce film est absolument incroyable, du fait de ces nombreux exploits d’équilibristes qu’on y trouve. Ce sont des exercices extrêmes, sans aucune protection, aux bords de précipices inimaginables. Ces scènes échevelées seraient tournées sur des hauteurs des bords de l’Elbe. Des paysages époustouflants.

On suppose que quelques plans raccords sont réalisés en studio ou à des endroits moins dangereux qu’il paraît à la caméra. Mais cela n’enlève qu’une partie des périls.

Les protagonistes qui montent tout en haut des arbres, qui sautent d’un monticule à l’autre, qui sont dans des cordées précaires, le font réellement. Et franchement, la manière dont ils se débrouillent fout la trouille.

On a vraiment peur pour les acteurs, qui s’exposent à autant à ces risques. C’est tout bonnement vertigineux… et insensé. En cela, ces acrobaties élémentaires sont plus vibrantes que n’importe quelle scène 3D d’un blockbuster catastrophiste de maintenant.

Rien que cela vaut qu’on leur octroie un 7/10.

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Mister Radio est un bel ingénieur solitaire et free-lance ; dans la catégorie inventeur autant efficace qu’illuminé. Il a une station émettrice sur un sommet, d’où son pseudonyme. Mais ceci n’aura pas trop d’importance dans ce long métrage colorisé. C’est juste pour faire joli.

Ce jeunot vit avec sa mère dans un belvédère situé tout en haut de ces collines abruptes, au relief tourmenté (l’Elbe ?)

Il ne sait pas encore que son père a été exécuté pour une faute qu’il n’a pas commise. Il ignore même qu’il est d’une noble lignée.

Cette ignorance sera source de complications. Il s’approchera dangereusement de la fille de d’un banquier pervers, qui est justement celui qui a propagé des ragots infâmes, amenant l’innocent comte à être condamné.

C’est juste un malheureux concours de circonstances, puisque cet alpiniste confirmé a été amené à sauver la fille et son géniteur (le méchant). On sait bien que quiconque met sa vie en jeu pour sauver une belle, mérite une grande récompense.

  • Dans les légendes de ces contrées, celui qui terrassait le dragon, empochait la fille du seigneur.

Et comment ne pas être séduit par cette jolie blonde, même si la suite nous montrera qu’elle est un peu superficielle. Comme le souligne ses recours constants au make-up.

  • A l’époque du noir et blanc, une grande partie des messages passent par ce genre de symbolique. Et comme elle est forcément silencieuse, du temps du muet, on ne se rend pas trop compte qu’il puisse être sotte.

C’est donc avant tout une histoire d’amours contrariées par des problèmes d’argent, un vieux libidineux et cette sale histoire occasionnée par le paternel de la riche héritière.

De son côté, ce riche madré, convoite sa jeune employée brune. C’est une ex danseuse. Elle ne va pas apprécier que le vieux entre de force dans sa chambrette. Bien que blessée dans son amour propre, elle le fait mijoter, car elle a un plan dans sa tête.

L’inventeur a conçu un système anti-collision pour train, à base de signaux radio. Il ne manque plus qu’une démonstration in vivo, pour qu’on lui achète cette avancée prodigieuse. Mais les dirigeants de la compagnie ferroviaire ne veulent pas risquer deux locomotives pour l’essai. Il leur faut une caution équivalente à la valeur des deux locos.

La brunette veut réunir la somme pour les beaux yeux du jeune premier. Elle est donc sur le point de céder au Million Dollar Sugar-Dady avec l’espoir qu’il lui signe un chèque ad-hoc. Elle accepte tacitement ses avances.

Il place la fille dans un appartement de poule. Et il signe le mandat avant que la belle cède.

  • Je lis sur Internet que « le prix d’une locomotive neuve est de l’ordre de 5,5 millions d’euros » (*). J’additionne et je trouve 11 millions d’euros ! Notre banquier a les moyens et des désirs particulièrement couteux. Il mérite d’être en première page du livre des records.

Comme il a fait surveiller la danseuse, il se rend compte qu’en fait elle en pince pour Herr Radio. Cela ne va pas lui plaire, il se rétracte. Mais la belle trouve un directeur de la compagnie des trains, qui porte aussi sur elle des airs égrillards. Il trouve une solution. L’essai se passe bien, señor Radio aura l’honneur de la presse.

Après avoir lu les investigations des journaux, le potentat agité finit par comprendre qui est Zotëri Radio et va lui faire la chasse, pour le faire taire. Il fait brûler sa tour. La mère courage est à deux doigts d’être carbonisée. Monsieur grandes-ondes vole à son secours.

Et il y a là une scène de sauvetage olé olé, qui frise – ou plutôt qui dépasse – les limites de la franche impossibilité. Il finit par déraciner l’arbre auquel il a été attaché par les sbires du ploutocrate. Il se ballade avec ; on se retient de rire. Et Toujours lié à ce tronc de plusieurs mètres, il récupère in extremis la maman, qu’il tient avec le petit doigt au dessus d’un gouffre de plusieurs centaines de mètres, après encore plus d’acrobaties tarabiscotées, voire absurdes.

De nos jours, on se marre franchement, au lieu d’avoir une légitime larme pour cet happy end. Mais bon notre rire anachronique et irrespectueux pour les trucages d’un ciné catastrophe balbutiant, n’empêche pas un vrai plaisir cinéphilique. Tout au contraire cela fait partie du charme surranné.

https://www.imdb.com/title/tt0487459/

Stars

Réalisateur italien pour un film allemand : Nunzio Malasomma https://fr.wikipedia.org/wiki/Nunzio_Malasomma

Il a fui Mussolini mais il reviendra dans les années 30 dans sa terre natale et y fera d’autres films. Il faut bien vivre.

  • Sans doute du studio ici
Le “méchant” à une petite moustache. Cela ne vous rappelle rien ?
Eh le vieux, faut pas venir m’embêter !
Envoi
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