On a plaisir à les retrouver, ces acteurs là :Benoît Poelvoorde, Isabelle Huppert, André Dussollier, Virginie Efira.
Surtout qu’ici, chacun est à sa place. On ne sera pas dérouté. Et on peut s’attendre à de beaux numéros.
Et en effet, Benoît Poelvoorde nous fait un beau prolo extraverti, brut de décoffrage, alcoolo, et qui ne s’embarrasse pas de manières. Avec des « sorties » exubérantes et bien poelvoordiennes, comme on les aime.
Il se tape des boudins par plaisir et parce qu’il n’a que cela à se mettre sous la dent. Vraiment de beaux morceaux. Rien en dessous de 100 kg semble-t-il.
Il cause tout le temps. Mais il n’a rien à dire au fond, hormis des banalités affligeantes.
Mais il est vivant, bien vivant. Et sympathique de surcroît. En résumé, c’est un clown.
- Il se trouve que Benoît est le père d’un surdoué. Mais compte tenu de sa vie totalement décousue, à la limite de la cloche, il risque de se voir retirer son gamin… direction D.A.S.S.
Isabelle Huppert nous joue une bourgeoise snobinarde, cérébrale et desséchée. Elle incarne une galeriste dictatoriale, hyperactive, et qui règne sur l’art contemporain le plus pointu. Elle travaille dans les cimes, là où l’on ne trouve plus grand monde, et où le profane – et pas que – finit par se demander si c’est de l’art ou du cochon. Ici c’est la fondation Cartier, rien que cela !
On y retrouve tous les codes du genre. Une fine caricature, mais une caricature tout de même. Ce n’est pas aussi subtile que dans « the square ». Quoique ! Il y a de vraies œuvres reconnues, dont un vrai Mapplethorpe, une fleur, mais pas un de ces nus obscènes…
Mais ça ira. Ici en flirtant dans cette « twilight zone » de la production actuelle, sur ce grisé situé entre le vrai et le faux, cela peut donner à (sou)rire.
- Isabelle est la mère d’un sous-doué. Il est sous la menace d’expulsion de son école.
André Dussollier incarne un vieux beau, classieux et timide, comme à l’habitude.
Il partage le lit et l’appartement de Huppert. Mais ils n’ont plus de relations sexuelles depuis des années.
Affamé, il séduira la très craquante Virginie Efira. Passée la remise à niveau, il aura quand même du mal à tenir la distance. Les parcours en tyrolienne dans les arbres, avec cette amoureuse de la nature, ce n’est pas trop son truc. Et les couplets écolo illuminés de la belle ne vont pas arranger les choses. Elle n’a pas la télé à cause des ondes néfastes.. à l’heure de l’inoffensif câble ! Enfin c’est une amante qui a un bel appétit.
Une tisane ayurvédique mon cher André ?
- Les fils de Poelvoorde et Huppert se fréquentent. C’est pour cela que tous ces caractères vont entrer en collision.
L’histoire est menée surtout par le « couple » improbable, Poelvoorde et Huppert. Souvent les différences criantes prêtent à rire, parfois c’est émouvant. Le « double bind », commentaire trivial sur présupposé élitisme, fait mouche. C’est un des ressorts profonds et inépuisables de l’humour.
Derrière tout cela, on nous fait le coup sournois du « on peut être plus heureux en étant un pauvre minable, qu’en étant un intellectuel parvenu et qui paraît coincé ». Une chanson médiocratique répétitive du cinéma français, et qui finit par lasser.
Pas beaucoup de place dans ce discours convenu, pour le bourgeois intelligent et épanoui. Ni pour le nécessiteux à la masse et qui est malheureux. Faut dire que là, c’est tellement commun, qu’il n’y a pas trop d’histoires à raconter.
A voir surtout pour l’excellent one-man-show de Poelvoorde, face au clown blanc Huppert.
On peut trouver plus enthousiaste que moi. Comme dans cette belle critique d’Emmanuèle Frois dans le figaro :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mon_pire_cauchemar
Benoît Poelvoorde
Isabelle Huppert
André Dussollier