Ni le ciel ni la terre (2015) 5/10

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On ne peut pas faire un bon film avec une seule idée. Même si les acteurs sont de qualité et y mettent du leur.

Jérémie Renier est un excellent acteur. On croit aux personnages qu’il incarne. Ici il nous fait un capitaine français en mission en Afghanistan. Il est le chef incontesté de sa troupe. En tout cas au début. Sa petite compagnie est isolée dans une montagne désertique. Les rapports avec les autochtones sont plutôt difficiles.

Survient « l’idée » : des soldats disparaissent un à un, sans que l’on comprenne clairement ce qui leur est arrivé. Cela se produit quand ils s’endorment dans un petit poste avancé. Au début on recherche la faute. Ils étaient en binôme et donc on interroge le rescapé. Celui qui devait rester éveillé. Comme il n’a rien vu, on pense qu’il a failli à sa tache.

Et comme logique et fantasmes se percutent, on a droit à des prises de têtes et des gestes d’insoumission. Classique.

Les ennemies talibans ont le même problème, avec des barbus enturbannés qui font pschitt. Ce n’est donc pas de ce côté qu’il faut chercher. Mais quand même…

En « réalité », les gars s’évaporent car ils sont en terre d’Allah, en un endroit magique – désigné par le Coran ? – (ce qui serait un comble puisqu’à ma connaissance on ne parle pas de ce pays lointain dans ce récit). Faut-il « creuser » dans le monde réel pour connaître la vérité, ou cela se passe-t-il dans nos têtes.

Voilà, c’est tout.

Le réalisateur haut-rhinois Clément Cogitore est avant tout un artiste contemporain. Et c’est sans doute pour cela que ce film s’apparente à un geste d’art expérimental. D’ailleurs on voit bien qu’il « joue » avec la caméra vision nocturne, comme d’autres avec les pinceaux. Un peu trop à mon goût.

Mais enfin, une seule idée ce n’est pas grand-chose… juste un petit caprice d’artiste.

Je ne connais pas son œuvre par ailleurs.

Une certaine critique a cru bon se distinguer en distribuant des médailles. On est vraiment encore dans le complexe de la modernité, si prisé d’un certain milieu. Il suffit d’être profondément différent, de sembler ouvrir de nouvelles voies, pour que le travail soit considéré comme valable. Que cette façon de voir est datée présentement ! C’est un contre-sens d’évoquer ici « l’individu postmoderne » (Isabelle Regnier, Le Monde). C’est tout le contraire, avec ce nihilisme flottant et cette vacuité délibérée, qui sont le propre de la modernité.

Et bien entendu nos juges se placent du côté de ceux qui savent et qui ont compris. Dans ce manichéisme mondain, il est facile de se distinguer de prétendus béotiens ; qui eux rejettent ce travail, parce qu’il est tout simplement trop faible et qu’il se prend manifestement trop au sérieux.

Cela ne fait pas de ces prétendus arbitres des élégances, des élites éclairées mais de simples trissotins ricanants et méprisants.

L’auteur n’est pas «… libre, affranchi des schémas narratifs traditionnels » (Isabelle Regnier, Le Monde), simplement il se dispense d’avoir plus d’une idée, ce qui est une autre paire de manches. Il va falloir que j’utilise cette formule, quand je n’aurais rien à dire.

Oh oh les Français, on se réveille ?

Vous ne pourrez éviter que l’on cite ce verset du Coran : « Ni le ciel ni la terre ne les pleurèrent et ils n’eurent aucun délai »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ni_le_ciel_ni_la_terre


Jérémie Renier

Kévin Azaïs
Swann Arlaud
Envoi
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