Olli Mäki (2016) 7/10

Le metteur en scène finlandais de ce biopic, Juho Kuosmanen, réalise la prouesse de nous faire croire que c’est un film d’époque. Il arrive à cela, grâce en particulier à l’utilisation d’un noir et blanc fidèle. Le côté caméra à la main aide aussi à l’aspect « reportage ». Cette atmosphère année 1962 est aussi entretenue par de bons acteurs qui savent bien rester dans le cadre. Du beau travail.

La gloire du pays est d’avoir été en final d’un championnat de boxe avec cet Olli Mäki. Et finalement les autochtones lui pardonnent d’être tombé au deuxième round…

  • Je viens de dévoiler la fin, ce qui est peut être dommage. Mais comme il s’agit d’une issue véridique, on va faire comme si nous étions des nordiques parfaitement au courant. Hum…

Les films de boxe ne sont pas si pénibles qu’on le croit. Certains ont fait des merveilles à partir de ce sport pénible.

  • Raging Bull (1980) de Martin Scorsese avec Robert De Niro est un chef d’œuvre.
  • Million Dollar Baby (2004) de Clint Eastwood avec Hilary Swank me semble un cran en dessous.
  • Ali (2001) de Michael Mann avec Will Smith n’est pas mal du tout.
  • Je pense qu’il ne faut pas trop s’attarder sur les Rocky avec Sylvester Stallone.

Le film dont on parle ici est atypique. D’abord le héros est dans les « poids plume » Et donc on n’a pas la même brutalité qu’avec les mastodontes. Mais ces combats sans casque font très mal quand même.

Et puis, on est plutôt dans l’esprit de Jack London, un grand amateur de ce « sport », avec son « Pour cent dollars de plus ». C’est à dire, l’idée d’un dernier combat assez désespéré. Ce n’est pas une fable testostéronée.

L’acteur qui fait Olli donne l’impression de ne pas faire le « poids ». Et puisqu’on parle de poids : il a presque abdiqué, comme le montre son énorme difficulté à perdre les 3 kilos nécessaires à sa qualification.

Il « tombe » amoureux et il « tombe » sur le ring. Le scénario tisse un léger lien de cause à effet, mais n’insiste pas tant que cela. L’amour n’est pas vraiment un obstacle, à condition de faire un peu gaffe tout de même.

Mais Olli est assez insouciant, finalement. Non qu’il ne s’entraîne pas, mais plutôt qu’il ne fait pas grand-chose pour se dépasser. Or nous sommes au plus au niveau, le championnat du monde ! Attention Væ victis « Malheur aux vaincus ».

C’était une époque où le sport professionnel était encore dans un certain amateurisme. Les sponsors étaient sur place, dans un petit cercle, et il fallait de bonnes relations personnelles. Il y a des tentatives « publicitaires » ici où là, mais c’est encore local et embryonnaire, façon déclinaison locale de « Jean Mineur ».

Ce côté est bien montré ici. Les petits détails du quotidien ne nous sont pas épargnés. Comme par exemple quand en pleines tractations la petite fille doit faire ses besoins.

Et cette irruption sans faux col du réel est très bien comme cela. Cela donne un rendu vivant, accessible et humain. Un film faussement insignifiant.

Le manager joué par Eero Milonoff est aussi important que l’artiste du ring, qu’interprète Jarkko Lahti. Un petit salut également à Oona Airola, qui nous fait la future femme de Mäki. Ce n’est pas une femme fatale qui aurait détourné le sportif de ses devoirs, mais une petite dame bien commune et bien sympathique. Le genre qui ne ferait pas de mal à une mouche. L’histoire en sort grandie : « nous aussi on sera vieux et heureux ».

La boxe est un sport dangereux et qui a fait de nombreuses victimes. Même s’il est difficile d’attester le lien avec certaines maladies mentales lourdes, les suspicions sont fortes. Je pense à Mohamed Ali et son précoce Parkinson. Pour Olli Mäki ce fut la maladie d’Alzheimer. Bien que cette pathologie semble autonome, elle serait anormalement fréquentes dans la boxe quand même.

Aki Kaurismäki qui vient du même pays septentrional a vu dans Kuosmanen, un « collègue », le premier de longue date du côté d’Helsinki. C’est un grand compliment.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Olli_M%C3%A4ki_(film)

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