Only Lovers Left Alive (2013) Vampires sans sexe. Jim Jarmusch se plante 6/10

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Laissez moi dire d’abord que j’ai un profond respect pour Jim Jarmusch. C’est en tout amitié cinématographique que je me permets là de lui tirer les oreilles.

Revu ici :

Il a tenté de nous faire voir les vampires autrement. Et c’est raté ! Il fera beaucoup mieux avec The Dead Don’t Die en 2019.

Dans cette version 2013, le réalisateur et scénariste veut nous faire comprendre que ces « zombies » sont toujours parmi nous. Et comme nous ne les remarquons pas trop, c’est qu’ils se font discrets.

Ils gardent bien entendu un côté sinistre, voire dépressif, et sont toujours par nature du côté obscur (au sens littéral). L’ample musique des ténèbres insiste bien là dessus.

Mais en cela ils ne sont pas très différents des oiseaux de nuit qu’on voit dans certaines boites. Des blafards qui ne fréquentent pas trop le jour.

Leur appétit pour le sang n’obligerait pas aux morsures classiques. En cela on perd quelque chose. Il leur suffit de s’approvisionner dans un centre de transfusion. En fait Jarmusch les transforme en simples drogués à l’hémoglobine.

Tant qu’ils peuvent se fournir, ils savent se tenir en société. Et comme ils sont très âgés – comptez des centaines d’années – ils connaissent énormément de choses. Mais là franchement Jarmusch rate son coup, car ils en fait des snobinards, qui étalent entre eux leurs savoirs. Et je soupçonne Jim d’en faire autant en leur donnant le nom de Fibonacci. C’est franchement mauvais et léger.

  • La désagréable Tilda Swinton incarne à elle toute seule tous ces handicaps. Pas séduisante du tout, ni effrayante non plus, très prétentieuse… je m’arrête là.
  • Tom Hiddleston s’en sort un peu mieux, en jouant une sorte de Charles_Manson / Marilyn_Manson adouci et suicidaire. Alors qu’il revendique avoir un demi millénaire ou presque, il est curieusement bloqué dans les années 60. Avec tout le temps qu’il a devant et derrière lui, il aurait pu ranger son appartement. Quel bordel !
  • Mia Wasikowska joue une vampirette qui veut s’amuser comme tout le monde. Elle squatte Adam et Eve (sic) et leur pique bon sang du frigo. On dirait une approche semi-comique, comme cela a été le cas dans les films de vampire d’Abbott & Costello. Mais je me tâte encore pour caractériser ce pas de côté. Quoique l’histoire du sang en sucette glacée qui sort du congélateur, est du même genre.

Alors fondamentalement, qu’est-ce qui ne va pas ?

C’est le concept lui-même qui cloche.

Un vampire n’est pas un aficionado qui déguste le sang comme des grands vins, et qui disserte sur l’humanité.

Non, ce gaillard est avant tout un profanateur qui veut à tout prix se reproduire. Une sorte de pervers qui doit s’emparer de l’autre tout entier, et se faisant du reste l’espèce humaine.

Il est animé par une sexualité transposée. En ce sens qu’il doit assurer la propagation de son genre. C’est impérieux !

Chaque nouveau vampire est déjà une descendance. L’instinct le fait « pénétrer » ses victimes. Il dépose sa semence criminogène avec ses dents. Il ressent la récompense fécondatrice. Celle qu’octroie le plus profond instinct. La même que nous éprouvons dans l’étreinte, même si le plus souvent nous détournons le sexe de son véritable objectif. Cette satisfaction ultime est celle du devoir accompli pour l’espèce. Nous sommes programmés ainsi. C’est une mission à laquelle nous ne pouvons nous soustraire. Les vampires sont aussi « condamnés » à cela.

Et donc si on enlève la dimension de possession et de reproduction, tout s’envole. Or Adam et Eve sont certes désignés comme des « lovers », mais en fait ils ne peuvent se multiplier et donc tout tombe à l’eau.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Only_Lovers_Left_Alive

Tom Hiddleston
Tilda Swinton
Mia Wasikowska
Anton Yelchin
John Hurt

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