Opération 1005, effaceurs de crime. Patrick Desbois. Ukraine nazie. 7/10

Temps de lecture : 3 minutes

Ingolf Gritschneder nous fait en 2022 un enième documentaire sur l’horreur nazie pendant la guerre à l’Est.

Mais cet opus a une certaine originalité. Il s’agit de faire un cheminement de mémoire, sur place en Ukraine, en tentant de retrouver les derniers témoins de ces commandos qui ont exhumé les cadavres enterrés dans la précipitation.

  • Il s’agirait d’un million de victimes enterrées dans des fosses communes et le plus souvent tuées par balle.
  • Mais le mémorial de la Shoah parle d’un million et demi de Juifs assassinés ainsi, rien qu’en Ukraine (Shoah par balle).

Il y avait pour cette action en deux temps, un double but.

  • La situation commençait à être compromise pour la race auto-proclamée des seigneurs. Il fallait donc d’abord effacer les traces de ces odieuses exactions, pour ne pas se faire pincer…
  • et puis cela permettait de récupérer les objets de valeur (bijoux planqués, dents en or…), qui avaient échappé à la vigilance des prédateurs.
    • Rien ne se perd, rien ne se crée, et tout sera détruit” est plus conforme à l’entreprise entropique nazie et se substitue aisément à cette phrase que l’on prête à notre grand Lavoisier “Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme“.
    • Le grec Anaxagore de Clazomènes écrivait déjà au ve siècle av. J.-C. cette remarquable intuition : “Rien ne naît ni ne périt, mais des choses déjà existantes se combinent, puis se séparent de nouveau”
  • Pour se faire, il a même été créé une machine filtrante des cendres permettant de gérer cette récupération tardive quasi industriellement. Ah, le génie pratique allemand ! A force d’être doué pour l’abstraction, on finit par perdre le sens des réalités.
  • Les villes touchées sont nombreuses comme l’emblématique Lviv. Mais aussi des territoires moins connus comme Berdytchiv la « Jérusalem de Volhynie ». En 1941, toute la population juive de la ville est exterminée par l’armée allemande

En 2022, il n’y a plus guère d’Ukrainiens de Galicie qui soient en mesure de témoigner ou qui le veuillent vraiment.

  • Nombreux sont ceux qui ont disparu.
  • Des personnes pressenties sont curieusement absentes lors du rendez-vous.
  • A noter aussi, tout en le relativisant, qu’il y a eu une frange nationaliste ukrainienne pro-nazie (Division SS Galicie – corps ukrainiens « slaves » assez méprisés par commandement allemand). On l’explique parfois par une réaction à l’occupation partielle soviétique depuis le Pacte germano-soviétique de 1939.
  • Les pogroms contre les juifs ont commencé bien avant la guerre WWII en Ukraine. Au milieu du dix-septième siècle, les cosaques déciment les communautés juives d’Ukraine. D’autres massacres de masse se dérouleront au dix-neuvième siècle.

Dans plusieurs reportages sur les traces d’indignité dans des pays de l’Est, on voit que les villageois ne sont pas chauds pour qu’on installe un mémorial voyant, qui selon eux ostraciserait leur commune.

  • Ainsi à Kiev, j’ai eu du mal à localiser Babi Yar, un ravin où l’on tua par balle, en 1941, entre 100 000 et 150 000  juifs, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Tziganes, Ukrainiens et otages civils. Ce site est pile poil dans la cible de Yahad-In Unum, dans ces sites « revisités » par les effaceurs en 1943.
  • La Wehrmacht outrepassa les droits de la guerre, en participant à cette extermination de L’ennemi judéo-bolchévique 

Les « enquêteurs » sont des passionnés. Quoi de plus motivant que cette profonde et légitime indignation ?

Leur groupe s’intitule Yahad-In Unum. C’est un mélange œcuménique d’hébreu et de latin. Il est dirigé par le prêtre catholique Patrick Desbois. La structure principale est basée en France, mais ses participants revendiquent en souriant, plus de membres étrangers que de Français.

Cette association tente de répertorier les victimes juives et roms assassinées des nazis en Europe de l’Est.

Une personne est particulièrement marquante, il s’agit de Rüdiger Schallock, petit fils d’un bourreau nazi de l’époque. Il a dédié une partie de sa vie à rechercher, comprendre et expier la faute « familiale ». On le sent très ébranlé dans ce travail de mémoire inhabituel.

Le vrai coupable est mort paisiblement en 1974 sans avoir trop été inquiété.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yahad-In_Unum

www.yahadinunum.org

https://de.wikipedia.org/wiki/Ingolf_Gritschneder

https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Babi_Yar

NS-Geheimkommando 1005 Wie die Nazis ihre Gräuel vertuschten

https://fr.wikipedia.org/wiki/Massacre_de_Babi_Yar

https://fr.wikipedia.org/wiki/Einsatzgruppen

https://www.memorialdelashoah.org/upload/minisites/ukraine/exposition1.htm

https://fr.wikipedia.org/wiki/14e_division_SS_(galicienne_no_1)

https://www.sonderkommando.info/index.php/themes-lies/sujets-divers/proces-deichmann-a-jerusalem/temoins-volume-1

https://fr.wikipedia.org/wiki/Berdytchiv

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_Juifs_en_Ukraine

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rien_ne_se_perd,_rien_ne_se_cr%C3%A9e,_tout_se_transforme

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