Oro, la cité perdue (Oro) (2017) 5/10

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Dommage pour eux !

Bien avant cela, il y a eu le coup de tonnerre cinématographique Aguirre, la colère de Dieu (Aguirre, der Zorn Gottes) de Werner Herzog, en 1972. Quasiment sur le même thème, la même époque et avec pas mal de présupposés identiques. N’importe qui est capable de voir cela.

C’était il y a 45 ans, mais aucun cinéphile, digne de ce nom, n’a oublié l’original.

Il fallait aller bien plus loin, pour oser nous refaire le coup de la recherche de l’or de l’Eldorado tropical, dans une très âpre expédition, à la même époque, avec toutes ces conflits internes, ces attaques de « sauvages », ces gueules et ces caractères, avec un semblable petit lot d’aventuriers-conquistadors, qui finissent également presque tous par y passer. Ce copier-coller qui enjambe les décennies n’a malheureusement pas de génie.

Ce qui pourrait passer pour un pastiche ne supporte guère la comparaison.

C’est devenu ici une sorte de récit d’aventure assez classique, avec juste des « airs de ».

Pour retenir notre attention, on nous offre un mort à intervalle régulier, en variant les « plaisirs ». La production a recruté pile le nombre d’acteurs qu’il faut, pour qu’on tienne jusqu’au bout, et qu’il n’en reste qu’un ou deux à la fin. Et bien entendu le faisant fonction de « gentil » va sauver sa peau. Comme c’est un film contemporain, on sacrifie quand même la « gentille » juste avant cela. Cette demi-mesure étant supposée rendre le scénario plus crédible. Mais tout le monde ménage la chèvre et le choux de nos jours. Un demi catharsis final est amplement suffisant.

Tout est bien cracra pour faire authentique. Cette manière de faire était quasi révolutionnaire à l’époque de Herzog. Ici, c’est comme pour les carottes qu’on a volontairement salies de terre, dans les rayons de votre supermarché, pour faire bio. Certains vont marcher, d’autres non.

Je ne vais pas trop éventer la manière pratique de combiner ces assassinats, vu que c’est à peu près tout ce qui reste.

Nos protagonistes sont des gaillards bourrus et avides pour la plupart.

Et comme il faut être explicite, l’introduction nous montre bien à qui on a à faire. Tout est clairement énoncé par une voix off.

Il y a un religieux violent et puis un sage scribe.

Après on passe à des personnages moins recommandables. Ces soldats dépenaillés ne sont mus que par la promesse du pognon qu’ils vont se faire… et par la galipette. Pour la bouffe, on repassera.

On sait d’emblée que le chef est trop vieux et que son autorité est menacée. On le donne pour dépressif, ce qui n’est pas si évident dans son comportement. On insiste pour qu’il soit faible, pourtant le spectateur est forcé de constater qu’il est capable de prendre de lourdes décisions. Même si son épouse insiste pour qu’il s’impose davantage à ses hommes, quelque chose cloche.

Sa femme, qui fait donc partie du groupe, est bien trop jolie et trop jeune pour lui. On les voit venir avec leurs grosses guêtres, c’est pour l’histoire B.

A part quelques indiennes kidnappées qui leur servent d’esclaves sexuelles, nos « valeureux » guerriers n’ont pas trop de quoi se mettre sous la couette. La belle Espagnole est donc convoitée, plus ou moins ouvertement.

Le second de l’équipe est un fort bretteur, bien plus déterminé, nous dit-on, que l’ancien. Il attend son heure pour s’en débarrasser. L’objectif est d’avoir l’or pour lui tout seul… et la crémière avec.

Un autre homme qui fait office de héros, s’oppose aux massacres inutiles. C’est donc un « gentil » à sa manière et puis c’est tout. Vu l’absolu formatage, de nos jours il serait contre le cancer, pour la biodiversité, contre le réchauffement climatique, pour la préservation de selva amazonienne… Mais là il lui donne des coups de machette et il a d’autres serpents à fouetter. Ne commettons pas de crime d’anachronisme.

Et une fois le chef exécuté, la blanche si convoitée sera entraînée au lit par le nouveau patron butor. Elle n’en pense pas moins, aimant secrètement le « gentil ». On est à présent dans une expédition meurtrière à l’eau rose. Étonnant !

Il y aura donc pas mal de tués en interne, dont les garrottés pour désobéissance. Le reste sera massacré par des flèches étrangères au fur et à mesure. C’est fou le nombre de tireurs à l’arc ou à la sarbacane régulièrement disposés dans cette jungle hostile. Et quand, de bien viser ne suffit pas, on en achève par des projectiles égarés, mais qui tombent « bien ».

Tout cela donne l’impression d’un scénario totalement manipulé. Il n’y a pas vraiment de surprise.

Le plus fort du projet réside dans ces affrontements de mâles, soit qu’ils cherchent à sauver leur peau, soit qu’ils veuillent marquer des points. Et là, la prise de vue rapprochée nous montre de belles gueules en souffrance. Certains enjeux sont crédibles.

La folie les gagne, mais on est quand même loin de la prestation de l’inimitable Klaus Kinski en 72. Il faut un vrai fou pour cela.

Vraiment dommage !

Mots clés : Oro, la cité perdue Aguirre Herzog Kinski Richard Wild

https://fr.wikipedia.org/wiki/Oro,_la_cit%C3%A9_perdue

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