R.A.S. film. Guerre Algérie. Boisset. Jacques Weber, Balmer, Villeret, Spiesser. Leroy-Beaulieu. 8/10

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Yves Boisset n’a pas fait un aussi mauvais film que d’aucuns le prétendent. Il est périlleux de se lancer sur le sujet mouvant et polémique de la guerre d’Algérie.

Le réalisateur fait un choix très judicieux d’acteurs prometteurs. Les jeunes appelés Jacques Weber, Jean-François Balmer, Jacques Villeret et Jacques Spiesser instillent une belle dose de réalisme au récit.

N’oublions pas l’autre versant, avec tout en haut, Philippe Leroy-Beaulieu, excellent en commandant Lecoq. Le sergent Carbone n’est pas en reste, grâce à la très bonne tenue de Jean-Pierre Castaldi. Claude Brosset a un rôle ingrat mais il s’en sort très bien aussi. Mais d’autres sont à noter comme Roland Blanche.

Voilà en tout cas ce qui apporte déjà une certaine crédibilité à ces situations très délicates.

Bien sur, il y a de la simplification dans l’air. Et l’on peut discuter chacun des points de vue à l’infini… sauf le point de vue des colons et des anti-colonialistes algériens du style FLN, qu’on n’entend pas trop ici. Curieux !

En résumant, c’est avant tout une affaire de militaires aux convictions opposées et qui s’affrontent sur le terrain. On assiste à la confrontation du pacifisme de gauche d’une partie des appelés et des convictions plutôt extrême-droitières de quelques engagés. Ces gradés croient fermement à leur mission « pacificatrice ». Les plus mauvais sont alcooliques et profondément racistes.

Mais chacun campe sur ses positions et est sûr de son bon droit.

Les militaires de carrière présentés ici, sont des durs. Ils tentent de façonner au burin ces jeunes gens, qui pour la plupart n’ont pas demandé à être là. Ce sont des brimades et des corrections sévères, pour leur « bien ».

Les « réfractaires » cherchent à préserver leur âme et à ne pas se salir les mains. Mais confrontés à l’ennemi, la plupart basculent. Rapidement, ils font comme les anciens.

Le quatuor formé par les soldats Jacques Weber, Jean-François Balmer, Jacques Villeret et Jacques Spiesser est bien plus coriace. Compte tenu de leur indiscipline et de leurs convictions non-interventionnistes, ils se retrouvent en bataillon disciplinaire. Ils iront jusqu’au bout.

En ce qui concerne les “évènements d’Algérie”, le spectre « politique » et « humain » le plus casse-gueule, démarre avec les exactions de part et d’autre.

  • Du côté français, le pire à redouter, ce sont les tortures, les massacres, les viols et le mépris crasse des autochtones.
  • Du côté du pôle libérateur algérien, ce sont les exécutions sommaires, les mutilations et j’en passe. Et bien entendu un “racisme” anti-français.
  • Une guerre entre civilisations, pourrait-on dire.
  • Chacun pensant pouvoir justifier son attitude. On n’a toujours pas la solution d’ailleurs. En tout cas c’est ce qu’il ressort des guerres récentes.

Une bonne recette pour un film, qu’applique finalement Monsieur Yves Boisset, catalogué de gauche : peu de pathos, pas du tout de romantisme, et un assez bon escamotage des convictions personnelles.

D’ailleurs certains militaires intelligents ne s’y sont pas trompés et ont aussi aimé le film.

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https://fr.wikipedia.org/wiki/R.A.S._(film)

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