Ce n’est qu’une énième déclinaison sur l’échange des corps, avec passage de l’esprit d’un côté à l’autre, dont on nous suggère qu’elle a à voir cette fois avec le transhumanisme. Ce qui est conceptuellement faux puisqu’il s’agit d’une substitution et non d’une augmentation. Mais ça fait bien.
Et ce film se révèle très classique finalement.
L’idée que l’on puisse se retrouver dans la peau d’un autre, ne date pas d’aujourd’hui. Et les récits sur ce thème sont malheureusement innombrables.
- Pour ne citer qu’un exemple, le même Ryan Reynolds, qui saute ici d’une anatomie à l’autre avec la complicité de Ben Kingsley, avait déjà fait le coup dans Échange standard (2011).
En réalité, c’est un truc fastoche au cinéma, puisqu’il suffit de changer deux trois trucs dans son jeu pour que le tour soit joué. C’est comme les Martiens anthropomorphes, cela ne coûte pas cher.
Tout le reste n’est que prise de tête et fantasme de spectateur.
Et comme c’est racoleur, on nous tartine une première partie tapageuse, où le héros rajeuni de plusieurs décennies s’empresse de s’en mettre jusque là : belle voiture, habits chers, demeures de luxes et jolies jeunes femmes au menu. C’est dire le niveau de la réflexion. Bien entendu il reviendra par la suite au socle américain des valeurs familiales et basta.
L’alibi de la science ne tient pas une minute.
D’après le scénario, un savant fou a trouvé le moyen de faire passer le contenu cérébral d’un être humain à l’autre. Des immenses magnétrons permettent cela. Les machines ressemblent bougrement à des IRM dont on a enlevé le capot. Cela se fait en quelques secondes. Et pour qu’une des consciences domine la précédente, il suffit de prendre un médicament spécial. Si vous l’oubliez, l’occupant d’avant reprend le dessus.
C’est plus de la poésie que de la science. Et cela pourrait faire rêver en effet, si on se donnait les moyens d’y réfléchir plus avant.
Le problème, c’est que ce nanar, totalement dépourvu d’imagination, devient vite un des ces sempiternels films d’action, qui sont loin d’être poétiques. Il y a donc des poursuites, des coups de feu, de la violence et tout le tralala habituel. Et comme toujours une romance et de la sentimentalité à deux balles, se greffent là dessus.
Sans oublier le héros qui sauve le monde.
On ne nous épargne pas non plus le récit de ces mauvais riches manipulateurs et sans scrupules contre ces gentils défenseurs de la planète aux mains nues.
Pas l’ombre d’une réflexion sur ce que les fondamentaux de cette technologie pourraient apporter pour la science.
La problématique du qui est qui, qui est soulevé ici, comme dans tant de mauvais scénarios depuis des temps immémoriaux, commence sérieusement à me courir sur le poil.
Ce long long métrage moralisateur de près de deux heures est conformiste en diable ! Et au-delà du vernis de la modernité, mon dieu que c’est primaire ! Inutile de dire qu’on est loin du précepte, qui fait que le bon spectacle permet de se divertir et s’instruire.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Renaissances_(film)
Ryan Reynolds
Ben Kingsley
Michelle Dockery
Matthew Goode
Natalie Martinez