Qui pourrait bien massacrer le Requiem ?
Même avec ce bon gros Tamás Pál, en chef d’orchestre, l’interprétation reste correcte. L’oeuvre dépasse tellement les petites mains qui la triture, qu’elle s’impose toujours. Même les rajouts apocryphes, qui viennent compléter les morceaux manquants, n’arrivent pas à la dénaturer vraiment.
C’est quoi un Requiem ? C’est la consécration de la rage à l’état pur. Le « jour de colère », le dernier jour.
Il faut être doué, violent mais suffisamment compassionnel pour transmettre cela. Le génie aide beaucoup. En dessous de ce seuil, passez votre chemin. Mettez plutôt le disque préféré du défunt dans le juke-box de la mort. J’ai entendu ainsi Les feuilles mortes, et ce n’est pas si mal.
Celui de Verdi n’est pas déméritant non plus, avec sa grosse cavalerie. Plus fort, il faudra convoquer les tanks et les missiles intercontinentaux. L’Italien partage cette grande tradition de la représentation de la saine ultraviolence musicale. Il manage lui aussi quelques îlots salvateurs, l’histoire de respirer un peu, avant de reprendre des claques.
A ces œuvres stratosphériques, on peut trouver une postérité. Mais chacun peut voir ce soleil noir à sa porte. Pour ma part, je pense à The End des Doors. Si Morrison et Mozart avaient pu se rencontrer, ces deux jeunes se seraient compris. J’en suis sûr. Le Requiem pour un con de Gainsbourg est plus elliptique mais on y retrouve le beat forcené qu’on aime tant.
J’en ai entendu des profanes subjugués qui se demandaient qu’elle était cette merveille évidente qu’ils écoutaient ; sans se douter une seconde qu’il s’agissait de la messe des morts. Le rouleau compresseur infernal est aussi tétanisant et somme toute aussi « joyeux » qu’une course à l’abîme (Damnation de Faust, Berlioz)
Distribution : Cecilia gasdia, Mario Malagnini, Manuela Custer, Ernesto Morillo.
8/10 pour Mozart, bien entendu.


https://fr.wikipedia.org/wiki/Requiem_(Mozart)
