A force de trop vouloir nous infliger cette thèse univoque, d’un auteur qui en veut à sa créature et qui n’arrive pas à s’en débarrasser comme pour le sparadrap du capitaine Haddock, on finit par tomber dans un manichéisme bien bêta.
Cette façon de nous « expliquer » cela comme à des enfants, est franchement désagréable. On doit cela à Emmanuelle Nobécourt, qui sévit en collaboration avec Michel Le Bris.
La réalisatrice et scénariste est coutumière de ces caricatures immodestes. Elle a rédigé sur Dolto, les Sixties, Mussolini, Nicholson… autant de Buzzword bien vendeurs. On voit, à travers ses sujets bateau, qu’elle tente de pêcher au gros, à condition que la prise soit facile.
Seulement elle n’en a pas la carrure et surtout elle n’est pas historienne. Une fois de plus les prédateurs tentent de s’arroger les mérites des auteurs, en se mettant devant et en tentant d’occuper tout le champ avec leurs fantaisies.
En clair, nous sommes confrontés à des vulgarisations, conçues par des personnes plutôt communes, pour ne pas dire vulgaires.
C’est typiquement une impasse du documentaire franco-français où quelques personnes squattent des positions et empêchent que de beaux esprits prennent la relève.
Il y a tant de productions intelligentes et sensibles de nos jours, qu’un simple regard à l’étranger suffit à voir l’ampleur du massacre français. Mais comme ces petits poissons du docu français, de la critique, de l’audiovisuel, sont dans le même bocal, ils pensent bêtement se suffire à eux-mêmes.
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Revenons à Sherlock. Il y aurait bien d’autres choses à proposer que ce simple pillage d’images.
Soit dit en passant, que j’aime la version moderne et intelligente de Mark Gatiss et Steven Moffat avec Benedict Cumberbatch ! Eux au moins, ils ont su se hausser sur ses épaules et apporter un autre éclairage, compatible avec l’essence du personnage. Mais Nobécourt, qui se contente de la doxa, n’a rien à dire à ce sujet.
L’histoire de Sir Arthur Conan Doyle, telle que racontée par Nobécourt, veut nous démontrer que l’auteur n’a jamais vraiment voulu de ce héros et qu’il aurait eu toujours envie de lui substituer une vraie littérature. Pourtant Doyle a innové en lançant le roman policier. Cela n’a pas bien marché au début, puis la machine s’est emballé. Il a décidé à un moment de faire périr Sherlock, puis il s’est repris. Mais il ne l’a pas ressuscité contrairement à la légende, il a été plus malin que cela en faisant des épisodes supplémentaires d’avant sa mort.
Quelques éléments, bien qu’ils soient aussi portés par d’autres, méritent le rappel. La pipe courbe voulu par un théâtreux qui exigeait qu’on puisse voir sa bouche, la casquette de chasse… ne sont pas dans les bouquins.
Qu’un certain public pense que Sherlock ait vraiment existé, ne doit pas susciter le mépris. C’est un hommage ! Il aurait fallu le présenter comme cela.
http://www.film-documentaire.fr/4DACTION/w_liste_generique/C_20614_F
https://fr.wikipedia.org/wiki/Sherlock_(s%C3%A9rie_t%C3%A9l%C3%A9vis%C3%A9e)