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Je m’en veux d’avoir écrit du mal sur Buster Keaton. A titre d’excuse, je pourrais dire que je n’étais pas tombé sur son meilleur (les-fiancees-en-folie-6-10/).

Mais là, quelle inventivité, que de gags ! Dans les années 20, il donne son meilleur. Et ces créations frisent l’intemporel.

Notre réalisateur/acteur a exploité l’idée de l’entrée/sortie de l’écran de projection des personnages. Ce qui entraîne la confusion des affectations, du temps, des lieux et des actions.

Il nous expose cela, bien avant que notre Woody Allen ne galvaude ce principe dans La Rose pourpre du Caire (1985) – Et le traitement inspiré de 1924 a bien plus de panache.

En y rajoutant la double dimension rêve/réalité, Keaton se permet des plans alternés audacieux, avec des décors changeants, entre début et fin d’un même plan.

Les poursuites sont incroyablement audacieuses et réellement dangereuses. De tout temps, le voyeur remuant que nous sommes doit avoir sa dose d’adrénaline. C’est du cinéma, mais quelque part, il faut parfaire l’illusion qu’on ne triche pas. Désormais, on se doit de donner plus d’émotion que celle suscitée par l’arrivée en gare du train de La Ciotat.

Et au bout du compte, il y a même une belle rigueur dans le récit et de la consistance chez les protagonistes. Ces lassantes redites sur “l’homme qui ne sourit jamais” ne devraient plus avoir de prise sur nous.

L’histoire de ce détective/projectionniste est prenante de bout en bout. Et même un spectateur de maintenant ne peut pas s’ennuyer.

Bien sûr, on n’échappe pas aux conventions de l’époque. Les derniers seront les premiers, les humbles humiliés ressortiront blanchis et en forme. La femme convoitée doit convoler en juste noce.

Et la promise Kathryn McGuire trompée par le playboy/escroc Ward Crane, ira finalement dans le bon box, celui du newborn Buster Keaton. La bague au doigt est certes de très petite taille, mais elle est fournie avec un loupe grossissante, à la Sherlock Holmes.