L’année 1968 fut assez paresseuse dans le cinéma français. On l’a constaté maintes fois.

Sans doute que le réalisateur André Hunebelle a un peu travaillé, mais le résultat est assez médiocre. D’ailleurs Hunebelle n’est jamais bien terrible à part dans les Fantômas.

La seule idée du scénario consiste à actualiser le récit d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo. Cela se passe à partir de 1947, sur fond de règlements de compte, après des vols et des meurtres lors de la Résistance.

Cette mise à jour, on n’en avait pas besoin. L’équipe pensait pouvoir faire le buzz, mais cela tombe à plat.

On connaît tous l’histoire originale, déjà par ses nombreuses adaptations en films ou téléfilms. Il y a de la matière et c’est loin d’être mauvais. Et ce magot qui dépasse toutes les normes, et ces vigoureuses actions, surtout combinées à cette monomanie vengeresse, plaisent aux amateurs de westerns et assimilés. C’est donc du pain béni pour les aficionados de salles obscures.

Il faut énumérer ces noms qui d’une façon ou d’une autre sonnent dans nos oreilles (souvent dans le désordre) : Edmond Dantès, le Comte de Monte-Cristo, l’abbé Busoni, Danglars, le comte Gérard de Villefort / Michel Auclair, procureur du roi, Fernand Mondego, comte de Morcerf /Raymond Pellegrin, Mercédès Herrera, Gaspard Caderousse / Jean Saudray, Héloïse de Villefort, Hermine Danglars, Maximilien Morrel, Valentine de Villefort, Haydée, fille du Pacha de Janina, Lucien Debray, l’abbé Faria, le vicomte Albert de Morcerf…

Mais cette mauvaise transposition du chef d’œuvre de Dumas, dans le cruel monde interlope d’aujourd’hui, est assez vaine.

Surtout en ce qui concerne, ce faux exotisme lié à cette escapade dans une miteuse Amérique du Sud. On est encore une fois dans le monde imaginé, de ces aventuriers perdus dans une resucée du Salaire_de_la_peur. L’ensemble est encombré de poncifs et de clichés. Les aventures multiples sont du style Tintin.

Le jeune premier Paul Barge est le héros principal, Edmond Dantès. Il ne démérite pas. Il est assez bizarre qu’il n’ait pratiquement rien fait de sérieux à part ce premier rôle et quelques téléfilms. Qu’est-il devenu ? Il s’est suicidé « virtuellement » dans un épisode de « Plus belle la vie » fin 2022. Faudrait-il comprendre qu’il ait été éjecté ?

Anny Duperey est sa copine indéfectible. Déjà très classe du haut de ses 21 ans. Claude Jade est transparente, comme si souvent.

Paul Le Person est le Sancho Panza de Dantès. On connaît bien la bouille de ce petit Raymond Poulidor des écrans (éternel second rôle, voire troisième ou quatrième division)

Pierre Brasseur fait bonne figure en Faria. L’acteur est bon, mais son rôle translaté est médiocre. Ce n’est pas de sa faute.