Stavisky (1974) 6.5/10 Resnais

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Un film souvent signalé, mais dont on peut se demander s’il est vraiment si important que cela.

Pourtant de bonnes fées se sont penchées sur son berceau.

Alain Resnais en tant que réalisateur et Jorge Semprún comme scénariste. Pas la peine de les présenter, ce ne sont pas les premiers venus.

Et la distribution est prometteuse également. Jean-Paul Belmondo, Charles Boyer, François Périer, Anny Duperey, Michael Lonsdale, Claude Rich, Gérard Depardieu, Niels Arestrup… excusez du peu !

En ce qui concerne les lieux, les belles bagnoles et tout le clinquant de la vie de la vie des années 30, le compte y est.

On assiste clairement à un biopic qui se donne les moyens de coller à la réalité.

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Belmondo incarne ce bel escroc sympathique éponyme, qui a réussi. Il a roulé en toute discrétion pas mal de monde. A la tête de nombreuses entreprises, il mène grand train. Il a ses entrées chez les grands décideurs. De manière préventive, il a mouillé des hommes politiques de tous bords. Il se croit désormais intouchable. Et bien entendu, il va trop loin.

Pensant toujours s’en sortir, il paye ses clients lésés avec de nouvelles escroqueries. C’est la classique cavalerie. Et comme il a réussi à se mettre à la tête d’une petite banque de province, il y fabrique des faux bons de caisse, de manière à multiplier artificiellement ses avoirs. C’est vraiment gros et cela doit forcément apparaître au grand jour rapidement.

Une fois le pot aux roses découvert, les protections sur lesquelles il comptait, ne font pas long feu. Tout s’écroule et il n’a plus qu’à se réfugier au loin. Pas assez loin cependant, puisque sa cachette dans les Alpes est vite révélée. Acculé, il se suicide… ou bien il a été éliminé.

Dans cette affaire l’inspecteur Bonny, joué par Claude Rich, mène un jeu trouble. D’ailleurs ce futur membre éminent de la Gestapo française sera fusillé à la Libération.

Tout le monde cherche à exploiter ce scandale et donc des têtes vont tomber. C’est une occasion rêvée pour les anti-parlementaristes et les antisémites. La République vacille.

En parallèle, on nous parle du séjour en France du réfugié politique Léon Trotski et de son expulsion.

A part un point commun policier sans importance, on ne sait pas trop pourquoi il y a cette révérence à cette branche du communisme, de type marxiste bolcheviste.

Trotski est un des pontes de l’Internationale communiste, une entreprise intégriste qui a cherché à cadenasser tous les mouvements hors la Russie. Bref un gars qui n’est pas plus recommandable que les autres. Mais dans les années 60, 70, il y avait en France quelques égarés vociférants qui prônaient le trotskisme. On en voit encore actuellement aux responsabilités. Étonnant que Semprún, dont on connaît la lucidité, ait cédé à cela.

Alain Resnais a pensé que son film était incompris parce qu’il osait montrer un escroc sous des dehors affables. Ce qui est faux. Un escroc qui parvient à ses fins est toujours aimable, sinon il faut qu’il change de métier. Et donc il n’y a rien de préoccupant à adopter ce point de vue assez classique.

Non, le problème principal de ce film, c’est qu’il correspond plus à ce cinéma compassé qui se la joue et qui étale, celui de l’époque de Charles Boyer (Le Baron Raoul), qu’à cette Nouvelle Vague dynamique, inventive et irrespectueuse, qu’incarnait jusque là Belmondo (Stavisky).

Après cela, notre Bebel échaudé, qui est quand même impliqué dans la production, n’a plus fait que des comédies.

Et la grande Anny Duperey, certes très jolie, nous la joue potiche de luxe. Vraiment pas son genre.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Stavisky_(film)

Jean-Paul Belmondo
François Périer
Anny Duperey
Michael Lonsdale

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