Cela se passe dans ce Japon révolu, tel que les premiers commerçants étrangers autorisés peuvent l’observer, à la fin du XIXe siècle. Ce n’est plus tout à fait le monde des samouraïs, qui vient de s’éteindre officiellement.
Mais ici dans cette école de police de Kyoto, il y a de ça quand même encore.
Ne peut y entrer qu’une élite recrutée sur des talents confirmés de guerrier. Il y règne une obéissance absolue. Le non respect des règles principales entraînent la mort. Décapitation ou hara-kiri, on a à peine le choix. On ne rigole vraiment pas.
De plus c’est le siège d’une compétition sans fin, que les maîtres exacerbent pour maintenir le plus haut niveau d’excellence. Ces têtes pensantes sont de fins renards, et de bons psychologues. On a même droit à leurs pensées secrètes, en voix off. Très intéressant.
L’arrivée d’un giton racé et élégant, va adoucir quelque peu le climat. Plusieurs membres de cette confrérie vont être attirés par ce beau jeune homme, aux traits féminins. Il va céder à certains, résister à d’autres, et entraîner ainsi un sérieux désordre. Il amène de la passion dans cet établissement austère. Mais la violence qu’il cache en lui, va engendrer une étrange furie. Malin comme il est est, il retombera sur ses pieds.
C’est une œuvre charmante et totalement acceptable pour des hétérosexuels. Il y a ces combattants hyper-virils, à la fois gais et droits dans leurs bottes. Cette équation traduite en images de manière assez intelligente et non voyeuriste, résonne vraiment de manière nouvelle. Le cadre reste classique mais la poésie du propos fait tout voler en éclat. L’observation des exécutions rituelles fait le reste.
Les acteurs sont de haut niveau. La réalisation est soignée.
Les décors « naturels » faits de ces assemblages de maisons anciennes de qualité, amènent du chaud au coeur. Les détails de ce bois généreux sont infiniment travaillés. Avec pour seul but de faire du bien aux yeux et à l’esprit. Loin de la démesure et de la surenchère, c’est un habitat lissé qui nous parle et qui nous dit même des mots doux. La moindre jarre atteint une perfection esthétique, sans une once de prétention. On n’est pas l’orientalisme de pacotille, on est dans le vrai. Tout n’est qu’ordre et beauté, luxe calme et volupté. Voilà comme c’est et voilà comme cela devrait toujours être.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Tabou_(film,_1999)
Ryūhei Matsuda
Takeshi Kitano
Tadanobu Asano
Pays étrange que le Japon :
