Ted Bundy – Avis Film. Zac Efron tueur en série – Résumé (2019) 7.5/10

Temps de lecture : 4 minutes

EXTREMELY WICKED, SHOCKINGLY EVIL AND VILE

Du cinéma Netflix et pourtant pour une fois du cinéma assez classique.

Un film romantique (30%) + un film sur l’erreur judiciaire (30%) + un film sur un histrion (30%) + un film sur un méchant (10% seulement !).

Le tout pour le prix d’un. Merci Netflix. Mais on n’en demandait pas tant.

L’irrésistible Zac Efron campe tout d’abord le compagnon idéal. Il est beau, intelligent, attentif et aimant.

Sans compter qu’il possède une fibre paternelle à faire craquer n’importe quelle maman. Il adopte sans hésiter l’enfant de sa compagne, la troublante Lily Collins.

Comme c’est beau ! Plus beau que nature, en tout cas. Une bluette finement jouée par un couple de rêve. Cela verse dans le romantisme de type « amour fou ». Sortez les mouchoirs.

Oui, ils nous font un sacré cinéma !

Peut-il être vraiment un tueur en série, dans ce cas ? Bien sûr, d’emblée on sait qu’il l’est. En tout cas son nom est associé à cela. On ne devrait pas être dupe.

Et bien entendu, on ne peut pas faire plus innocent que Zac Efron lui-même. Bien qu’acteur, il n’est pas manipulateur pour un sou, hum… le bon dieu sans confession, séance tenante. Là, c’est nous qu’on manipule.

La deuxième partie du film, nous fait plutôt pencher implicitement pour la vision de la femme dupée et donc vers l’idée d’une diabolique erreur judiciaire. Il faut dire que c’est elle qui est à la base du scénario, ayant écrit un livre pro domo sur son histoire.

C’est une posture qui permet de nous refaire un bon moment le coup du combat épique d’un homme qui veut prouver lui-même son innocence. Un classique très vendeur du cinéma.

C’est un peu gros. Surtout si l’on sait qu’en réalité, et c’est dit dans le film à la fin, c’est cette compagne qui l’a dénoncé dès le début. Difficile de concilier la naïveté et l’amour aveugle avec cela.

Donc on a picoré par ci par là les faits et les témoignages et on nous en distribue de toutes petites doses. Un coup à droite, un coup à gauche, l’histoire de nous maintenir sciemment dans le doute. Ce n’est pas honnête, ça.

En adoptant cette position, on se place tout au plus dans ce qu’a pu être la mauvaise mousse médiatique de ce qui a été un des premiers procès télévisés.

C’est donc pour une bonne partie, rien de plus que du bon vieux suspense policier et judiciaire. Et on s’y connaît à Hollywood. Et c’est servi par de somptueux acteurs.

Trop beaux !

Ces numéros d’acteurs font rêver et ils ne donnent pas la trouille. D’ailleurs, il n’y a pratiquement aucune scène de réelle violence. Juste une photo à la fin pendant 3 secondes. Paradoxe pour l’histoire d’un tueur de plus de 40 femmes, peut-être plus de 100 !

La réalité est infiniment plus triste.

  • Dans la vraie vie, Ted Bundy psychopathe pervers et narcissique, peut aussi séduire, mais pas des vedettes de cinéma. Sa dentition est moins éblouissante que celle de Zac, c’est d’ailleurs ce qui le perdra. Et son sourire est plus trouble. Son comportement public reste plus ambigu.
  • D’ailleurs l’histoire de ce tueur est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. Surtout si de faux scientifiques s’en mêlent.
  • Le prétendu expert des tueurs en série, Stéphane Bourgoin le manipulateur, prétend avoir interviewé Bundy dans sa prison Il aurait déclaré en 2015 : « L’ADN est formel : Ted Bundy et Gerard Schaefer ont commis des meurtres ensemble ». A noter que Schaefer est décrit comme “le pire tueur en série de tous les temps”. Bourgoin écrit par ailleurs que Bundy est un tueur nécrophile.

Zac Efron est devenu un comédien remarquable. Mais sans doute trop lissé, trop parfait pour le rôle. Il manque une part d’angoisse et de folie.

Le scénario lui redonne un peu de crédibilité dans certaines scènes à plan très serrés, alors que la tension va crescendo. Dans la dernière rencontre en prison, on peut lui trouver une « discrète » bestialité. C’est vraiment le maximum qu’on peut en tirer, tant le beau jeune homme est policé.

Le personnage reste carré. La question psy n’est jamais vraiment abordée.

Lily Collins, qui n’est rien de moins que la fille du chanteur Phil Collins, est excellente également. Là encore, elle joue une personne sans doute bien au dessus de la réelle compagne Elizabeth Kendall. Elle colle parfaitement avec Zac Efron.

Mais c’est un couple trop glamour, trop sympathique, pour être vraiment bien positionné dans cette histoire de serial killer infernal.

On se demande si on n’est pas tombé au niveau des tendres et indulgents récits sur Bonnie and Clyde, Roméo et Juliette ou autres duettistes célèbres.

John Malkovich incarne le juge qui l’a envoyé à la chaise électrique. Un juge lucide mais qui a montré une certaine sympathie pour les qualités intellectuelles du bourreau de ces dames. Cela permet de nous donner de manière magistrale, un florilège des vraies répliques qui ont été échangées au tribunal.

Comme de nombreuses choses à l’époque ont été télévisées, la production s’est vraiment donnée de la peine pour que la plupart des acteurs ressemblent traits pour traits, lunettes comprises, aux vidéos des protagonistes de l’époque. Jusqu’aux rôles secondaires.

Bon découpage, caméra légère quand il faut et soucis des détails. Parfois des maladresses, comme ce plan tournant autour de Zac et de sa nouvelle compagne interprétée par Kaya Scodelario.

Des petites touches impressionnistes ici ou là pour nous donner juste ce qu’il faut de doute. C’est amené avec talent, même si c’est au service d’un scénario bancal.

On a quand même parfois l’impression que cela ne colle pas vraiment. Il faut dire que l’histoire est copieuse.

Au total c’est plus la très jolie histoire romancée de « Zac Efron et Lily Collins font du cinéma », que celle du tueur sans scrupule Ted Bundy et de sa compagne alcoolique Elizabeth Kendall.

On pardonnera plus facilement aux deux premiers qu’aux deux autres…

Le genre de truc qui peut apporter des Oscars d’interprétation. Oscars qui tendent à saluer les « performances » très appuyées, les « numéros » d’acteurs.

Voir aussi https://www.leblogducinema.com/critiques/critiques-films/zac-efron-se-revele-dans-extremely-wicked-shockingly-evil-and-vile-critique-875426/

Voir aussi https://www.leblogducinema.com/critiques/critiques-films/zac-efron-se-revele-dans-extremely-wicked-shockingly-evil-and-vile-critique-875426/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Extremely_Wicked,_Shockingly_Evil_and_Vile

https://librecritique.fr/meilleurs-films-de-criminels-en-serie-serial-killer-8-10/

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