The dead don’t die (2019) 8/10 Jarmusch 

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Évidemment les morts ne meurent pas… sous réserve qu’il soient précisément des morts-vivants.

Cette page a été optimisée ici : Avis. The dead don’t die – film Bill Murray Jarmusch (2019) Résumé. Aperçu 8/10

Enfin une histoire de zombies relativement apaisée.

  • On le doit en partie à la musique d’ambiance country, quoiqu’à la longue elle devienne crispante. Même des personnages s’en plaignent. C’est juste la musique du film. Et c’est dit comme cela ex-abrupto. Ce thème sera récurrent, comme mélodie mais aussi comme sujet de discussion.
  • Et puis ces cadavres ambulants se déplacent avec lenteur, c’est moins stressant que d’habitude, dans la mesure où cela permet quand même souvent de leur échapper. Leur destruction n’est pas aussi dégoûtante que d’habitude. Fini le coup du pieu dans le coeur avec des projections de sang immonde partout. Là c’est plus feutré, il suffit de couper les têtes. L’opération demande de la force, mais est moins salissante, puisque seule s’écoule de la poussière. Nos chasseurs de têtes, vont finir par être performants. Ils vont même être emballés par leur tâche.
  • Et puis cela crie moins que dans la plupart des films de ce genre. Les mines paraissent moins épouvantées aussi. Il y a un certain fatalisme, qui doit forcément exister chez certains dans de telles circonstances et qui est bien pris en compte ici.
  • Le flegme efficace de l’excellent Bill Murray, qui incarne le chef de la police de cette petite bourgade, y est aussi pour beaucoup. Quel chemin depuis qu’il chassait les fantômes ! Sa relative autorité se propage d’ailleurs à sa petite équipe. Le réalisateur sait très bien nous faire sentir ces fragiles interactions dans ces moments de doute, au bord de l’affolement. Il y a qu’à voir comment l’hypothèse de zombies se transforme en quasi certitude, même avant de les avoir observé pour de vrai. Et comment ils se réassurent, ou non, les uns les autres. C’est vraiment bien vu.
  • Ces créatures sont dangereuses, mais est-ce vraiment de leur faute. Et puis il y a parmi eux des connaissances qui ont été contaminées. Un peu de respect pour ce qu’ils furent ! Ce n’est pas si simple de couper la tête de gens qu’on connaît. Et même passablement abîmée, une ex belle créature peut avoir de beaux restes. Bill se fendra d’un compliment. Ce qui lui vaudra un regard réprobateur des autres. Le tout n’est pas tout blanc tout noir, peut-il s’appliquer aux zombies. Là est la question.

Plusieurs petites sous-histoires sont développées.

  • Comme pour ce vagabond qui vit dans les bois, ces jeunes « hipsters », dont Selena Gomez,venus de la grande ville et qui sont coincés dans un motel, ces jeunes espiègles dans la maison de redressement, cet amateur de BD et d’objets dérivés en rapport avec les vampires. Et chaque fois, il y a un bon regard, avec ce qu’il faut de psychologie et toutes les nuances possibles du doute et de l’acceptation, face à l’incroyable. Les zombies eux-mêmes tendent à reprendre certaines péchés mignon, le Chardonnay pour l’une, le café pour d’autres ou quelques doigts à croquer au bout d’un bras déchiré pour les plus affamés. Bon appétit !
  • Une belle palette d’individualités, avec presque de l’empathie pour tous ! On peut féliciter les auteurs pour ce tour de force. On sort vraiment des ornières habituelles.

Les cinéphiles remarqueront les clins d’oeil comme pour la discussion sur le motel de Psychose ou la belle Pontiac LeMans 68 des jeunes qui fait penser aux thrillers extrêmes de George Romero / Tarantino. Le coup de la voiture bloquée et totalement environnée de créatures malfaisantes, c’est clairement comme dans la nuit des morts-vivants… et dans tout ce qui a suivi après. On ne s’arrête pas sur le porte-clef Star Wars, ou la tombe au nom du cinéaste Samuel Fuller. Et quelqu’un qui apprécie Zappa comme moi ne peut pas manquer de remarquer l’hommage à Centerville.

En fait il y a bien d’autres allusions.

Cela va mal se terminer ! C’est gravé à jamais dans le scénario, l’acteur Adam Driver le signale et le confirme. Pas question qu’on échappe à cela. On ne voit pas venir ce rôle qui prend de plus en plus d’importance. Une interprétation sobre et efficace.

Jim Jarmusch se permet une belle récréation, en jouant sur ce qu’il nous dit de l’écriture elle-même. C’est commenté en direct !

  • Tilda Swinton transformée en Zelda, est une créature d’un autre monde, alors que nous ne sommes pas dans un film sur les extra-terrestres. Pourtant cette femme bizarre traverse le film avec sa propre partition. C’est très malin, surtout lorsqu’un personnage nous avertit que ce n’était pas prévu.
  • Et puis il y a tout un jeu de miroir entre l’actrice fondamentalement bizarre, son implication comme ordonnatrice de pompes funèbres qui plaisante avec les morts, sa relation avec Bouddha et les arts martiaux, sa propre lutte contre les créatures toutes pourries, et puis son départ sans préavis dans une soucoupe volante. A prendre comme un cadeau.

C’est un film qui n’a pas été compris par ces critiques sans imagination, tellement avides de références ou qui condamnent un réalisateur à toujours suivre la même trajectoire.

Je passe sous silence ceux qui prennent le prétendu message écolo au premier degré. Le tant attendu « dérèglement de la planète », comme cause de retour des morts-vivants, comprenez des plaies d’Égypte.

Décidément ils ne verront jamais rien en dehors de leurs petites cases en préfabriqué. Ils ont juste substitué l’argument « politique » de jadis, lequel n’a fait que remplacer les « explications » psychanalytiques.. et ainsi de suite.

En réalité il y a ici dans cette œuvre un puissant effort pour échapper à la gravité et au conformisme. Et de mon point de vue cette fusée a bien été mise sur orbite.

A réserver à des gens intelligents.

PS : Jim Jarmusch : j’ai apprécie son excellent « Down by the law » (1986). Et Paterson (2016) ne m’avait pas laissé indifférent. Et que dire du mémorable « Broken Flowers » (2005)- On vraiment là quelqu’un qui pense, avec l’esprit grand ouvert.

https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Dead_Don%27t_Die

Bill Murray
Adam Driver
Tilda Swinton
Chloë Sevigny

Iggy Pop

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