Typologie des nazis. Nazisme ordinaire. Elias. Soumission à autorité étatique, décivilisation. 7/10

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Comme cela a été dit au sujet du documentaire étudié précédemment, des variétés de nazis, il y en a des dizaines. On parle de typologie. Le milieu socio-économique, le contexte familial et toutes ces choses peuvent colorer l’appartenance mais ne la déterminent pas forcément. Le fait est là, une grande majorité des Allemands étaient impliqués.

Ceci sera envisagé à part.

Voici les plus ou moins fervents ou résignés, volontaires ou contraints, actifs ou passifs qui ont assuré la pérennité du régime. Et il n’y a pas eu que les Allemands pour tomber dans la gueule du loup.

L’adhésion nazie peut concerner…

  • des pratiquants zélés, qui ont le « couteau entre les dents » au cas où
  • de vrais barbares sanguinaires, qui frappent avant de réfléchir
  • de simples chevilles ouvrières de type « banalité du mal »
  • des partisans de l’ordre, qui se reconnaissent dans les grandes lignes de la doctrine
  • des nationalistes, populistes et identitaires qui pensent profiter d’une « divine surprise », avec l’arrivée de cette nouvelle caste au pouvoir
  • des anti-bolcheviques, des anti-sémites, et d’autres anti, qui jouent la carte de l’amitié pour les ennemis de leurs ennemis
  • des ex-ceci ou ex-cela, et qui ont besoin d’une structure pour se montrer ou pour faire savoir. Les idéologies sont des vases communicants. Un jour d’un côté et le lendemain de l’autre
  • des « finalistes » téléologiques qui pensent que c’est leur destinée et que c’est écrit dans le ciel
  • des décroissants civilisationnels
  • des haineux et des doctrinaires qui n’ont pas besoin de l’habit, pour en faire réellement partie
  • des intrinsèquement violents, de type Orange mécanique
  • des exclus des autres systèmes
  • des revanchards qui se plaignent de l’issue de la première guerre mondiale et qui apprécient les victoires du début de la deuxième.
  • des damnés de la terre qui souffrent de la situation économique et qui nourrissent quelques espoirs, en obtenant déjà un travail
  • des encartés qui ne demandent qu’à pouvoir travailler
  • des gens qui n’ont pas bien compris le message et qui se sont bêtement fait piéger
  • des gens ordinaires séduits pas la svastika, l’uniforme et tout le décorum
  • des grégaires basiques
  • les simples d’esprit qui ont gobé tous les mensonges de la propagande
  • ceux qui apprécient le totalitarisme car il semble tout résoudre et qu’il est si peu encombrant dans la tête
  • d’éternels enthousiastes et qui sont peu regardants, sur là où ils mettent les pieds
  • des séduits par la «flamboyante modernité du nazisme » (concept Semprun)
  • des adeptes de pratiques sportives ou para-militaires qui trouvent là le nombre et la rigueur, dans ce système organisé, et toutes ces choses qu’ils pensent devoir au régime
  • les soucieux de la « pureté » d’un conservatisme germanique, qui la croient menacée. Ils croient à la permanence d’une « personnalité sociale » allemande et de son « génie » intrinsèque
  • « le besoin de soumission à l’autorité étatique, qui leur conférait une identité, si oppressive et si fantasmagorique soit-elle » selon Elias

Vous pouvez compléter à votre guise. Autant d’habitants du Reich consentants – et ils étaient largement majoritaires – autant de nazismes… Mais comment ont-ils pu passer de la civilisation à la décivilisation ?

Pour Norbert Elias, ce qui reste le plus problématique, c’est le fait qu’une majorité d’Allemands aient suivi, soutenu, voire appelé de leurs vœux un régime de ce type, qu’une majorité d’Allemands aient toléré, accepté, voire encouragé ses méfaits et, enfin, qu’une majorité d’Allemands aient supporté sans faillir jusqu’en 1945 les sacrifices matériels et humains inouïs que ce régime exigea d’eux…

https://www.jean-jaures.org/publication/50-nuances-de-droite-typologie-des-radicalites-politiques-en-europe/

https://www.ssoar.info/ssoar/bitstream/handle/document/56157/ssoar-sp-rpsr-2005-4-delmotte-Norbert_Elias_et_lAllemagne_nazie.pdf

https://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2010-2-page-54.htm

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