Mariana Perebenesiuk est une Ukrainienne qui vit en France. Elle s’exprime clairement. Ses idées sont simples et fortes.
Dans un jusqu’au-boutisme proche de la rigidité russe du Kremlin, elle déclare que l’Ukraine ne cédera sur aucun territoire, ni même sur un statut particulier de ces derniers. Et que s’il y a des négociations, cette intégrité territoriale devra de toute façon être maintenue. C’est le préalable absolu.
Cela rappelle le sens de la « négociation » des Russes qui ne souhaitaient négocier qu’à partir de la capitulation sans conditions des Ukrainiens.
Elle réfute toute tentation séparatiste pro russe avant 2014, en arguant que les chars et l’armement ne sont pas venus du ciel. Les résidents n’ont donc pas pris les armes spontanément. Ce n’était qu’une instrumentalisation au profit de l’Impérialisme russe. Pour elle, il n’y aurait eu que des particularismes, comme ici en Corse ou en Alsace.
Le combat de l’Ukraine serait un combat civilisationnel, pour nous tous. Et donc nous aurions le devoir de les aider clairement en nous impliquant plus à fond dans cette guerre. Ce petit peuple serait le dernier rempart contre Poutine qui menacerait le monde entier. Ne rejouons pas Munich en quelque sorte.
Et bien entendu le manque de confiance dans une victoire totale ukrainienne de l’Europe de l’Ouest serait une faiblesse dommageable. Les atermoiements sont donc malvenus.
C’est une tentative de culpabilisation de nos pays. Cette idée simple d’un ultime combat qui mènerait à une victoire définitive a l’avantage d’imprimer facilement les esprits. On fait une ligne entre les pour-nous et les contre-nous. Les âmes simples comprennent. C’est commode.
Pourtant les choses ne sont pas si manichéennes. Et sur le plateau, elle s’est fait moucher. Elle n’a sans doute pas le privilège des « bonnes causes ».
L’Europe en question est globalement favorable à la cause de Kyiv. Ces membres participent indirectement et prudemment à l’effort de guerre. Chacun selon ses moyens. La proximité avec « l’Ogre russe » plus marquée de certains, joue un rôle dans l’intensité de leur implication. Et en dehors de la souffrance des Ukrainiens, il existe un poids sur les populations d’Europe (gaz, pétrole, inflation…)
Pourtant Zelensky ne tarit pas de louanges pour les généreux donateurs que sont les USA – lesquels semblent avoir plus à gagner qu’à perdre de cette guerre. Mais il se permet quand même d’être assez critiques avec nous. Voire de nous dresser les uns contre les autres.
Pierre Conosa voit les choses d’une certaine manière. Pour lui, la guerre, sur ces bases, va s’éterniser. On ne gagne jamais contre une guérilla de ce type.
De plus, si l’on regarde la carte du monde, on voit que les pays occidentaux se sont autoproclamés une fois encore « gendarmes de la planète ». Cela heurte un bon nombre d’autres pays en dépit de la justesse apparente de la cause.
Tenzer croit aussi que la guerre va durer, un peu façon enlisement de 14-18. Et le temps va engendrer la lassitude des spectateurs que nous sommes. D’ailleurs bon nombre de vrais conflits comparables n’ont même pas suscité d’intérêt y compris à leur démarrage. Il y aura une tentation pacifiste aux USA. Ce n’est pas une guerre américaine.
Et on ne peut soutenir massivement l’Ukraine au long cours.
Une notion fondamentale est débattue. Il y a-t-il une volonté impériale russe qu’il s’agirait de faire reculer une fois pour toutes ?
Tenzer ne croit pas à un fatalisme historique issue d’une sorte d’atavisme. Il croit plus aux aléas des régimes qui eux sont périssables. Il réfute la notion de constance des peuples, d’âme des peuples…
A quoi Conosa rétorque que si. Il suffit de se référer aux Balkans et aux retours des entités ethniques là bas. Il y a bien des peuples et des nations. Il faut en tenir compte.
