Le Pr Kilisehisar s’exprime ici vigoureusement sur le sujet du captage d’information possible, sur le sujet Ukraine/Russie comme sur tant d’autres. Attention c’est une vue d’insider.
Pr Kilisehisar :
Sur l’Ukraine tout d’abord, quelques considérations de Guy Mettan, qui en autre temps a été le journaliste-star des média suisses-romands – jusqu’à ce qu’il manifeste des velléités critiques.
GM a adopté un ou des enfants en provenance du territoire du grand Satan [NDLR : il s’agit de la Russie désormais] et connaît très bien la situation locale.
J’enchaîne sur Guy Mettan car j’ai le souvenir très net d’une session du “Club de la Presse” au cours duquel il a exposé son expérience de journaliste sur vingt ans, avec les difficultés croissantes d’accès au Ministère de la Santé (organisme fédéral: OFSP): au début de cette période en téléphonant on pouvait accéder directement aux chefs de projet et recueillir des informations de première main sur ceux-ci.
Cette situation a peu a peu laissé place à une emprise croissante des délégués à la communication et autres postes spécifiques, de sorte que le seul accès possible, pour un représentant des média, était l’interface de communication et d’influence de l’organisme en question.
Information “en bouteille” donc et épurée de toute aspérité susceptible de donner prise à un questionnement.
En parallèle je pouvais compléter ce récit avec mon expérience personnelle dans une institution soit-disant “éducative” et “supérieure”: à savoir la formation du tout venant, fonctionnaire, militant, activiste (et de préférence tout à la fois) quel que soit son niveau (très souvent minable), à la manipulation des média.
A ces fins des équipes de journalistes et “communicateurs médiatiques” étaient recrutées pour animer, parfois non sans un certain talent, des séminaires au cours desquels tous les “trucs”, astuces et filons étaient passés en revue, en vue de promouvoir à fond une certaine vue parmi toutes les autres, ou encore pour étouffer dans l’œuf un questionnement ou mise en cause. Bien entendu, les choses n’étaient pas présentées de façon aussi crue.
A bien y réfléchir, l’adoption de ces procédés symétriques soulève pas mal de questions dans une démocratie – ou plutôt ex démocratie- L’État s’isole du public (et donc de ses principaux sponsors et en théorie maîtres) dans une tour d’ivoire impénétrable, l’information est filtrée et cornaquée à des fins partisanes par des “militants”.
Bien entendu la “gauche” s’est prêtée avec aisance et des petits cris de plaisir lascif à cette lente transformation du rapport aux institutions.
voir également :
LibreCritique : Pensée vagabonde et qui a à voir avec les représentations des Russes, par chez nous.
