Un gars, une fille (1999-2003) Haïkus caractériels de La Bruyère 8/10

Temps de lecture : 2 minutes

Cette série télévision bien française est composée de plus de 400 épisodes de 6 minutes chacun.

La quantité est tout aussi impressionnante que la qualité.

Les créateurs ont réussi à renouveler ces « scènes de ménage » quasiment à chaque fois.

Il faut dire que Jean Dujardin et Alexandra Lamy y mettaient du leur. Et ceci d’autant plus qu’ils formaient un vrai couple à la ville.

C’est directement inspiré de Un_gars, une_fille (1997-2003) du Québec avec Guy A. Lepage, concepteur et acteur et Sylvie Léonard actrice. 130 épisodes « seulement » de ce côté de l’Atlantique, mais de 26 minutes…

Dans les deux cas, on a pris le parti de ne montrer pleinement que le couple. Les personnages secondaires ne sont jamais exposés de face, on les sous-entend par la voix ou un petit morceau d’eux comme les mains. C’est finaud et surtout cela amplifie l’intimité du couple de protagonistes.

Comme nombre d’entre nous, j’ai vu et revu tout ce matériel plusieurs fois, toujours avec autant de plaisir. Je hais forcément la belle-mère, autant que j’ai de la tendresse pour les deux principaux caractères : Jean « Loulou » et Alex « Chouchou ». Ils sont l’un et l’autre délicieusement imbuvables, intéressés, superficiels… comme si souvent nous pouvons l’être.

En cherchant bien on lui trouve ces nombreux défauts qui sont le lot de pas mal d’entre nous. Ça nous parle : machiste, dragueur impénitent, mauvais joueur, grognon, querelleur, pantouflard, individualiste, près de ses sous, dissimulateur, poltron, arrogant, ignare, désobligeant et soupe au lait.

  • Pourtant il est singulièrement attachant.

Elle n’a pas que des qualités non plus : d’abord bien entendu elle est infiniment jalouse et peu sûre d’elle. Elle se montre compulsive, dédaigneuse, égocentrée, capricieuse, exigeante, fourbe, bavarde surtout au téléphone, coquette et gaspilleuse, assez bêtasse au fond, hystérique et emportée et autant soupe au lait et égoïste que son gars.

  • Pourtant elle est adorable.

Les deux semblent indissociables tant ils sont cimentés par la tolérance à leurs nombreuses faiblesses. Dans la réalité ils se sépareront quand même.

Cet exercice peut paraître modeste, pourtant en poussant les curseurs ainsi dans ce petit format, on arrive à une beauté formelle du propos. Il y a une esthétique de l’épure, une sorte de haïku à chaque fois, doublée d’une description psychologique bien sentie, comme dans les caractères de La Bruyère (plus de 400 aussi!)

Ces petites saynètes, sur une bouillante jeunesse en vase clos, mériteraient d’être étudiées à l’école.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Caract%C3%A8res

https://gallica.bnf.fr/essentiels/la-bruyere/caracteres

https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_gars,_une_fille

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