Un trou dans la tête (A Hole in the Head) (1959) 6/10

Temps de lecture : 3 minutes

Frank Capra nous fait une comédie douce amère qui dure quand même deux heures. C’est long pour un propos aussi maigre.

Il y a de l’action et l’on ne s’ennuie pas vraiment. Pourtant le spectacle donne souvent dans le comique de répétition (confer chutes récurrentes et lassantes dans le fauteuil à bascule)

L’intrigue est un peu tarte mais elle est soutenue par plusieurs acteurs bien connus. Cela se veut le trésor caché.

Sinatra nous fait un beau quarantenaire veuf qui tente de sauver son piteux hôtel à la dérive. L’établissement est mal placé et trop cher pour ce qu’il offre. Cela ne peut pas marcher. Il est sur le point de se faire exproprier.

L’idée est qu’il est en permanence dans le paraître. Et telle la cigale de la fable, il chante … du Sinatra. Une des chansons «  High Hopes » – où il règle ses comptes avec la fourmi – lui vaudra un Oscar.

  • C’est une crooner de légende qu’on honore. Les contenus ne sont guère fameux. C’est du niveau d’un « dans la vie faut pas s’en faire, moi je ne m’en fais pas »
  • Et comme pour l’Elvis Presley, quand ces artistes meublent les films, ce n’est pas si convaincant que cela.

Il espère toujours des jours meilleurs. Il croit en son étoile et vise des coups fumants, sans qu’il y ait vraiment du solide là derrière. Il se cramponne à ses maigres signes d’opulence, car il veut donner le change. Impossible de séduire des commanditaires sans cela. Il tape les uns et les autres pour tenter de survivre.

  • On a tous connu un de ces caractères à la fois séducteurs et envahissants. Il ne faut pas grand-chose pour qu’ils terminent escrocs.

Il a une relation de complicité avec son jeune garçon qu’il traite en « ami ». Il a une maîtresse plutôt belle fille mais nounouille et emmerdeuse.

Son frère est incarné par Edward G. Robinson. Il est cantonné ici dans un rôle de commerçant autodidacte, besogneux et aigri. Il ne pense qu’à accumuler des sous. Sans doute a-t-il connu les vaches maigres.

N’écoutant que sa piété familiale, il va venir avec sa femme pour tenter une fois encore de sauver la situation. Il n’arrête pas de lui faire la leçon, façon fourmi, et les relations sont bien entendu tendues. Il va jusqu’à traiter notre icône d’épave. Il mégote, il radote.

Ce vieux couple pense qu’il doit soustraire l’enfant à cette ambiance pas très catholique. Mais le gosse adore son père apache et ne l’entend pas de cette oreille.

Il y aura des bas et de vagues tentatives de « remontada ». Espoir et désespoir. A la fin tout semble perdu.

L’hôtel est condamné. Les sous espérés ont été bêtement pariés aux jeux et perdus.

Le fils est embarqué pour New-York.

Au bout de la vague, au bout du rouleau, le pauvre Sinatra est seul face à la mer – Profonde tristesse.

Voilà pour la tragédie.

Place à la comédie !

Immédiatement après, l’espace d’une minute, tout le monde fait machine arrière et on se farcit une queue de poisson en forme de happy end.

Par une conversion instantanée, on a finalement pitié de cet homme et on reconnaît ses valeurs. C’est à dire la folle gaîté et le lâcher prise. On le rejoint séance tenante et l’on prend son parti sans condition.

L’oncle et la tante deviennent miraculeusement insouciants et joyeux (un revirement à 180 degrés en quelques secondes, qui n’est pas trop difficile pour des acteurs). Ils vont enfin vivre des vacances. Ils donnent tous les sous espérés et ça leur fait du bien. Le fils prodigue revient évidemment avec eux et la relation fusionnelle reprend.

Et il y a même la bonne mère de substitution – forcément un canon – qui s’associe à la belle équipe. La blonde angélique croyait la conquête du bellâtre impossible et bien non. L’amour sincère n’a pas besoin de démonstration. Il s’impose de lui même.

Et puis c’est quand même la valorisation de la femme maternelle et dévouée (la bienveillante Eleanor Jean Parker), celle qui entretient le petit feu du foyer et le rejet de son opposée, la « poule » incendiaire (l’inquiétante Carolyn Jones) (*)

Fin de la minute.

Cette concession aux valeurs familiales est la moindre des choses. C’est l’espoir que Sinatra va rentrer dans le rang et épouser l’american way of life. Les spectateurs Bidochons peuvent rentrer tranquillement chez eux.

Voilà les leçons gnangnans et aguicheuses de ce scénario bâclé.

Il faut reconnaître la présence de nos deux dinosaures : Sinatra et Robinson.

  • (*) Sinatra : « Mon hôtel s’appelle le Jardin d’Eden. Moi je suis le pauvre Adam et mon Eve actuelle – ma faiblesse – arriverait à faire manger la pomme au serpent. »
  • « That’s my hotel right there, The Garden of Eden. But like good old Adam, my weakness is Eves. My current Eve is a lulu. She woulda made the serpent eat the apple. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_trou_dans_la_t%C3%AAte

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