Enlevez Benoît Poelvoorde et le film s’effondre complètement.
Ce n’est pas cette gamine suicidaire, jouée maladroitement par Ariane Labed, avec ses états d’âme de Prisunic, qui peut sauver le scénario. Bien au contraire !
Il y a vraiment là tout ce qui plombe le cinéma français actuel. Du pathos à la louche, du flottement constant dans les têtes et dans l’action. Des ambiances rien que des ambiances. Une extrême lenteur. De la famille dysfonctionnelle, des couples en voie de décomposition/recomposition. De la complaisance crasse pour un frère déséquilibré, de l’alcoolisme rampant, une droguée… Un mec qui joue les nounous.
Pour arranger le tout, il y a pas mal d’emphase plus ou moins rentrée, chez les uns et les autres. Vous comprenez, cette fille est une brillante étudiante en archéologie, mazette ! Et lui un photographe de génie ! On ne marche pas une seconde.
Il y a aussi dans l’air ces sourdes revendications et ces vaines apostrophes. Le Français est râleur. Et Fabienne Godet, la réalisatrice, qui a vaguement touché à la psychologie, l’est sans doute plus que d’autres. Mais je ne vois pas ce qui lui permet d’essayer de se venger de ses propres frustrations sur le spectateur. Je peux me tromper, c’est peut être juste qu’elle capte maladroitement l’air du temps.
Ce qui domine c’est l’amateurisme et le manque d’intelligence. Ce fil conducteur est souligné lourdement par une musique aux prétentions classiques. Le piano est à nouveau l’invité du cinéma sans génie mais qui veut avoir l’air. Du Chopin, vous comprenez !
Il faut voir comme certains critiques français se tortillent les méninges pour y voir une sorte de subtilité.
Je vous laisse juge de la jargonaphasie suivante : « … le film agit comme l’impressionnante radiographie du passage d’un homme à travers la membrane d’une rencontre… » https://www.liberation.fr/cinema/2013/08/27/une-place-sur-la-terre-fenetre-sur-coeur_927491/
Les dictateurs de la médiocrité se tiennent les coudes d’un bout à l’autre de la chaine.
A mourir de rire. Et c’est sans doute cela le plus grand mérite de ce long-métrage, nous permettre une joyeuse oraison funèbre.
Benoît Poelvoorde
Ariane Labed
Max Baissette de Malglaive