Une vie simple. Avis film Ann Hui. Deannie Yip – Andy Lau 8/10

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Sur Arte replay

Deux heures de spectacle à la fois instructif, agréable à regarder et nourrissant pour l’âme.

Le réalisateur hongkongais a sorti cette petite perle en 2011.

Voici l’histoire :

Chun Tao est désormais une bonne à tout faire de plus de soixante-dix ans. Après avoir suivi 3 générations de la même famille, il ne lui reste plus qu’à s’occuper du « vieux » célibataire Roger et de son chat bien-aimé.

La vie s’écoule tranquille et comme souvent les preuves d’affection coïncident avec les repas. Elle se décarcasse pour faire des mets fins dans la grande tradition de la « communication » gastronomique de là bas. Mais il faut bien reconnaître que lui, un homme très occupé professionnellement, est le plus souvent dans ses pensées.

L’ancienne est quasiment un membre de la famille. Elle n’a vécu que pour eux, renonçant à toute aventure personnelle. Ceux qui sont encore là, lui sont reconnaissants et vont le prouver. Il n’y a pas de fausses notes.

Mais à présent elle se fait vieille et a besoin de soins plus constants.

Roger choisit pour elle l’Ehpad le moins pire. C’est un bon gestionnaire. Il pose les bonnes questions et sait déjouer les pièges de la facturation.

  • On pourrait nous-mêmes en tirer des leçons, tellement cette approche semble avoirété vécue. D’ailleurs se sont visiblement de vrais “pensionnaires” pour certains.

L’ancienne employée est délicate et de bonne composition. Elle accepte son sort sans broncher, mais sait se faire entendre quand il le faut.

Elle « refait sa vie » dans ce nouveau petit monde, composé de pensionnaires plus ou moins atteints. Elle trouve sa place et attend comme les autres qu’on veuille bien la sortir ou la visiter.

L’approche du cinéaste est on ne peut plus réaliste ; même dans ce décor qui peut sembler repoussant à nos âmes aseptisés. Il sait insuffler une bonne dose d’humanité.

Et si par exemple l’ancienne se fait taxer régulièrement de petites sommes, c’est pour le bénéfice d’un vieux résident désargenté qui arrive encore à se satisfaire avec une prostituée. Elle n’est pas dupe, mais se rend compte que son argent est mieux placé dans ces satisfactions fugaces que dans un pot sur une étagère. C’est cela aussi « faire le bien ».

Il n’y aucune leçon lourdingue dans ce scénario.

C’est une sorte de viatique d’une nouvelle façon de finir ses jours, en combinant une nécessaire mise de côté pour des raisons “médicales” et le maintien d’une certaine proximité permettant l’expression de l’affection de ses proches. Il y a en plus une vision panoptique de la dette intergénérationnelle.

  • Il faut quand même dire que ce milieu précis là est chrétien. Ce qui donne un sens du devoir tout particulier.

La vie simple proposée tient compte des évolutions de la société et de la sensibilité des hommes. Une vision débarrassée de tout cet affreux cynisme des sociétés occidentales mais qui compose avec la déportation voulue ou non des anciens.

C’est bien entendu un nouveau compromis pour l’être humain que nous sommes et qui a toujours montré qu’il était très adaptable.

Ann Hui a réussi à mettre en avant ce qu’il y avait de proprement extraordinaire dans un entrelacement de vies ordinaires. Les détails sont très intéressants. La psychologie est fouillée et sans pathos. Les acteurs, dont surtout la vieille, sont vraiment à la hauteur. Très bien.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Une_vie_simple

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