Urban Cowboy (1980) 5/10

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Une fable de plus, qui traite de la rivalité du gentil monogame et du méchant voleur de femmes polygame. Ce récit héroïque se passe sur fond de lancer de bouse de vache virtuel et de monoculturalisme Country (*). Un genre qui est ici plus campagnard qu’urbain, en dépit du titre.

revu ici :

Je m’explique, le décor c’est cet univers ultra-folklorique exclusif, mais qu’on a déplacé de la vraie campagne à la petite bourgade. Un premier pas avant la ville.

Il s’agit d’un petit monde réservé à la race blanche non éduquée et qui n’a que faire des appels au multiculturalisme des intellos. Leur tradition c’est leur horizon, point barre.

Grâce à la bande son (**) et aux multiples signaux, on se croirait dans une parodie de ce milieu péquenaud conspué par les Blues Brothers.

L’acmé culturelle du lieu consiste en un grand débit de boisson communautaire où jeunes et moins jeunes se montrent avec leur chapeau de cowboy, leur cravate texane, leurs bottes bien caractéristiques.

Les femmes font de la figuration avec leurs accoutrements imposés. Ce n’est pas le temple du féminisme, ah ça non !

Hommes et femmes y boivent de la bière jusqu’à plus soif et au-delà.

On s’y retrouve régulièrement pour des concours de danse et des compétitions de rodéos mécaniques. C’est en quelque sorte le vieux système de sélection des mâles par les femelles en fonction de leur force physique, de leur détermination et de leur capacité à ne pas se laisser marcher sur les pieds. Les défis tauréens sont multiples et la bagarre n’est pas rare. Cela fait partie du « jeu ».

On n’échappe pas non plus aux challenges de sosies blondes et autres mises en scène de sélection de femelles par les mâles.

Puisqu’on en est là, il faut revenir au combat entre Travolta le bon gars et Scott Glenn le sinistre bandit sans foi ni loi. Ce dernier a l’audace de revendiquer de ne pas se contenter d’une seule femme… en plein Texas traditionaliste ! Il se conduit comme une merde avec l’épouse de Travolta, qu’il a récupéré « provisoirement » au passage. Un méchant d’opérette interprété par un acteur que je trouve toujours très moyen. Le défi se fera selon les règles dans un premier temps, sur taureau électrique, puis à coups de poings, selon les us.

La morale de base aidant, notre John Travolta (que j’allais qualifier de « national »), bien que mariée à une jolie petite (Debra Winger, une future grande artiste), s’en va voir ailleurs… mais finira par retourner à cet ancien amour, une fois le combat gagné.

  • Je ne me lasse pas de citer la réponse de Laërte l’entreprenant à Sylvio le tendre passif, dans Musset, « A quoi rêvent les jeunes filles » :
  • Les femmes cependant demandent autre chose.
  • Bien plus, sans les aimer, du moment que l’on ose,
  • On leur plaît. La faiblesse est si chère à leur cœur,

Qu’il leur faut un combat pour avoir un vainqueur.

Au far west (du sud), il n’y a qu’un seul amour possible.

Mais c’est aussi un enjeu de type « lutte des classes » entre la femme démunie, simple et sincère (Debra… Cadabra) et l’intrigante sophistiquée et friquée (Madolyn Smith).On veut pas d’ça par chez nous !

A plusieurs reprises je me suis pincé pour voir si je ne faisais pas un mauvais rêve. Et il faudra attendre 14 ans encore pour que Travolta soit ce qu’il est dans Pulp Fiction.

5/10 juste pour la valeur ethnographique du film. Ce n’est pas si souvent que l’on voit de tels créatures si bien circonscrits dans leur biotope.

(*) On parle de multiculturalisme et pluriculturalisme, mais le premier terme est un barbarisme, mélange de grec et de latin. Du coup il va falloir en accepter un autre avec monoculturalisme, qui malgré tout sonne mieux que uniculturalisme car la racine mono, comme dans monomanie, est plus percutante.

(**) Style qualifié de musique « neocountry disco » ou de musique « country soft-core »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Urban_Cowboy

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