Vous ne l’emporterez pas avec vous – la recette du film ? (1938) 6/10

Un film de Frank Capra

Noël, les années 30, les gilets jaunes ?

Une véritable culte entoure les films de Frank Capra.

Films qui tendent à épingler les travers des riches et à encenser les vertus des pauvres.

Mais au delà de ce raccourci trop facile, il faut bien avouer que c’est un cinéma efficace et captivant. Encore maintenant.

Ce film échappe à la catégorie des films de propagande. Le sujet est grave mais c’est une comédie.

Ici Günter Edward Arnold Schneider joue admirablement bien son rôle de gros ploutocrate.

Celui ci déborde d’une abondante graisse, faite je suppose de la maigre substance de pauvres efflanqués.

Il est immensément riche et outrageusement puissant. Ses manœuvres sont donc « nécessairement » malhonnêtes. Ses concurrents sont inéluctablement poussés au suicide. Le compte est bon, c’est un bon spécimen de riche de Noël, comme il existe des magnifiques poulardes de Noël (merci Henri)

Mais l’acteur à grand gabarit fait dans la finesse. La moindre mimique est placée comme il faut. La stature impose. On discerne une ambivalence et donc une rédemption reste possible.

Très bien aussi, le jeu de Lionel Barrymore. Il figure l’ancien riche qui a lui déjà obtenu la rédemption en choisissant la vie simple. Le modèle à suivre. La direction est donnée sur un air d’harmonica.

James Stewart est bon en jeune homme / grand ado. Il n’a pas encore la belle maturité de ses futurs rôles.

Il figure ici le fils du milliardaire. Ce beau garçon a un coeur qui balance. D’un côté la piété filiale et les richesses qui l’accompagnent. De l’autre les amours interdits avec une jolie « bergère » et la pauvreté que cela suppose.

Il s’est trompé de film, mais rares sont ceux où il aurait pu tout bonnement avoir une future jolie et riche. Ce qui aurait quand même simplifié la donne.

« Moi aussi j’ai failli me marier avec une fille de basse condition », lui dira son père, pour lui signifier qu’il doit rompre avec son amourette pour le salut de la dynastie familiale. Le dilemme de la mésalliance est « classique ».

Les rôles féminins sont plus convenus. Comme souvent à cette époque.

Il règne une atmosphère « politique » typique de la fin des années 30, de la post-grande dépression.

C’est l’époque groggy juste après la grande pauvreté. Le chômage a battu des records. Le new deal n’a pas encore produit ces effets. Ce n’est pas encore vraiment gagné.

D’où ce regard bon envers les nécessiteux.

  • A noter quand même que notre bon Frank Capra était le réalisateur le mieux payé d’Hollywood. Je n’ai pas entendu qu’il ait donné ne serait-ce que la moitié de son manteau à un pauvre.

D’ailleurs il faudra la guerre pour faire fonctionner les usines US à fond à nouveau, et sauver l’Amérique.

C’est aussi la montée inexorable des périls.

Il faut un coupable. La faute originelle est portée par les riches.

Très logiquement le cinéma s’adresse plutôt alors aux classes laborieuses (ou au chômage).

Vous trouverez une analyse plus complète là ! : Cinéma miséricordieux : grande dépression et big business

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vous_ne_l%27emporterez_pas_avec_vous

James Stewart
Jean Arthur
Lionel Barrymore

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