Wonder Boys (2000) 5/10 Michael Douglas

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Il y a un genre qu’affectionnent tout particulièrement les scénaristes épuisés aux USA, c’est celui du romancier professeur de fac en panne. Et pour cause, ils sont les uns comme les autres souvent avec la même page blanche devant eux. Un mot résume bien cela, c’est complaisant.

Et les clichés sont toujours les mêmes. On y voit patauger un certain milieu, qu’on pourrait dire de gauche, si cela signifiait vraiment quelque chose en Amérique. L’ambiance est assez décadente, assez entre soi, avec pas mal du laisser aller qui va avec. Ce qui doit correspondre à une allégorie de la cool attitude, je suppose.

Ces individus au cerveau trop lourd semblent endurer des prises de tête permanentes. Ils sont meurtris en soi, avec pas mal de névrose, ou un peu de psychose et/ou un passé encombrant. Et ils n’arrangent rien, quand en plus ils boivent trop ou ils se droguent un peu, beaucoup. Mais quid de l’œuf ou de la poule ? La société ne les comprend pas. La hiérarchie les a dans le colimateur.

On ne nous prive jamais d’une lecture à voix haute d’un grand auteur, faite par ce type de prof habité, les lunettes sur le nez. Souvent, c’est la scène initiale. Il y a bien entendu en face de lui des élèves peu intéressés, sauf un ou deux.

Si un des élèves qui sortent du lot est une fille, elle sera forcément jolie et tombera raide dingue amoureuse de l’enseignant. Sûr qu’elle va lui réciter ses propres lignes. Le conflit entre le devoir et une violente attirance, occupera une partie du film. Si c’est un garçon, il sera lui-même promis à un grand avenir dans l’écriture et dépassera le maître. Si les deux enseignant/enseigné sont homo, retour au début du paragraphe.

C’est à peu près ce qui arrive ici, après un long parcours initiatique, dans cette sorte de road-movie en ville.

Vu comme cela, on se demande bien pourquoi ces gens semblent porter le poids du monde sur leurs épaules. Ils ne font pas grand-chose à part lire ce qu’ont fait d’autres et demander aux étudiants ce qu’ils en pensent. Pas si fatiguant.

Et bien entendu dans ce milieu, la sexualité doit être non-conventionnelle. Soit qu’on soit pratiquant soi-même, soit qu’on montre une infinie tolérance pour toutes les déviances. L’amour est libre, en tout cas au début du film. C’est l’histoire de montrer quelques avantages à cette position intellectuelle, tout en haut dans la société.

Mais comme on est dans de l’immédiatement consommable, pour le grand public visé, il y a de forte chance qu’ils rentrent dans le rang après un long parcours et qu’ils se retrouvent à la fin dans un couple classique avec des serments éternels. C’est comme cela dans ce film.

Il en est de même pour la réussite. Au départ, elle paraît méprisée car elle ne cadre pas avec le nivellement sous entendu par le tutoiement généralisé. Mais à la fin, le génie enfin reconnu comme tel, aura bel et bien des lauriers et les droits d’auteur qui vont avec.

Ils n’ont rien de si merveilleux, ces Wonder Boys.

A la base, c’est donc une sorte d’idéalisation conformiste de l’anticonformisme supposé des universitaires et de leurs rapports décomplexés avec les enseignés. Un genre bourré de clichés. En fait ce qui intéresse c’est leur prétendue liberté, acquise avec un minimum d’efforts. Une sorte de planque, vu d’en bas.

Le pire, c’est que la masse finit par prendre pour argent comptant ces images d’Épinal. Les profs en sciences humaines y sont montrés comme des oisifs, voire des parasites. Et l’intellectuel français abscons est souvent pris comme modèle repoussoir. Vous noterez d’ailleurs que certains de ces profs ou élèves de Panurge ont de vieilles voitures françaises.

Avec cela, le moindre populiste n’aura pas à se fatiguer beaucoup pour déchaîner une haine anti-intello tous azimuts. La Révolution Culturelle n’est pas loin.

Michael Douglas, Tobey Maguire, Frances McDormand, Robert Downey Jr., Katie Holmes sont certes des personnalités, mais ils ne sauvent pas le film.

  • Michael Douglas m’a paru lourd et figé. On en vient à regretter les fantaisies de son glorieux père Kirk.
  • Tobey Maguire est repoussant. C’est tout aussi voulu qu’involontaire. Il n’a pas trop à se pousser pour être insupportable, notre Spider-man maladif.
  • Frances McDormand nous la joue un peu mémère.
  • Robert Downey Jr. paraît être un touriste en goguette. Il doit s’ennuyer profondément dans le film, car il ne pense qu’à s’amuser en sortant du cadre.
  • Katie Holmes est bien mignonne, mais elle n’a grand-chose d’autre à montrer ici.
  • Bref, une distribution qui va dans tous les sens.

La bande musicale est plus intéressante, mais on n’est pas venu pour cela.

Je ne comprends pas qu’on marche encore là dedans. Alors que l’intelligence est montrée avec aussi peu d’intelligence et que la composante sentimentale tourne à la mièvrerie.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Wonder_Boys

Michael Douglas
Tobey Maguire
Frances McDormand
Robert Downey Jr.
Katie Holmes

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