Zapped : Franck Zappa par Franck Zappa 7/10 (2017)

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Un documentaire qui n’est pas à proprement parlé un Zappa par Zappa, mais plutôt Zappa tentant de se défendre, des clichés médiatiques qui traînent sur son compte.

Il soulignera à plusieurs reprises qu’il est plus connu pour de supposés scandales, que par sa musique elle-même.

C’est un homme intelligent, fondamentalement simple, direct et épris de liberté.

Il a interrompu rapidement ses études pour se consacrer à la composition. Il se flatte de ne pas avoir été perverti par le moule scolaire.

Ses premiers regards iront d’abord vers le classique. Et progressivement, il tentera de mettre des ponts entre Varese, Stravinsky et quelques autres audacieux. Quelle prescience pour quelqu’un qui n’a pas été vraiment guidé dans ces choix.

Zappa, ce n’est pas n’importe qui. Si vous croyez aux vertus des CV, sachez qu’il a joué avec Boulez. Ces œuvres symphoniques ont été dirigées par Nagano.


Mais au fond, ce n’est pas un homme qui a eu une grande éducation. Il s’est instruit, mais comme un génial autodidacte. Avec juste ce qu’il faut, pour être un grand de la musique.

L’histoire le montre, les bons musiciens ne sont pas ceux qui ont le plus de diplômes.

Il se vante d’avoir une vie de famille, tout ce qu’il y a d’ordinaire. Toujours la même femme, des enfants qui l’aiment, un emprunt…

Il a du flair. Ainsi il sent parfaitement, que bien souvent, ces interlocuteurs, les moralistes ; les commentateurs et les politiques, se retranchent derrière une fausse culture. Il dénonce cela, et bien d’autres choses, dans ses chansons.

Ce qui lui vaut, sous des prétextes divers, d’être banni des radios, des télé mains stream et ainsi de suite.

Dans ces interviews, il déjoue les pièges grossiers qui lui sont tendus.

Il ne rentre pas dans les moules classiques, ce qui désoriente les journalistes les plus bornés : il se tue à répéter qu’il n’est pas un hippie, qu’il n’est pas un drogué, qu’il n’est pas un pornographe et qu’il n’y a pas de mots sales. Il n’est pas non plus un politique révolutionnaire, ou juste un provocateur. Et il ne fait pas cela pour l’argent (we are only here for money). L’argent ne lui servant qu’à avoir la liberté de créer ce qui lui plaît. Que le public suive ou non.

Il a peut être eu le malheur d’être né dans un pays où l’on n’apprend pas à aimer les belles choses. C’est lui qui le dit, d’ailleurs.

En musique comme en tout, il ne cherche pas à plaire à tout le monde, loin s’en faut. Et les puristes qui l’aiment comme il est, sont bien contents de cela.

Il est finalement bien européen dans sa façon d’être. Et son dernier concert à Prague, « last performance », deux ans avant sa mort, juste après avoir rencontré le président Vaclav Havel, a été un des sommets de sa carrière.

Le dernier entretien montre un Zappa cinquantenaire, près de la fin (cancer de la prostate) mais qui ne craint pas, de ne pas laisser de traces après lui. Il laisse, dit-il, ces vaines glorioles à Reagan et à Bush, à leur superstition et aux tenants des bêtises religieuses.

Et pourtant, Frank avec sa musique si vivante et si variée, a laissé des évidences dans nos esprits. Elle est aussi un signe de reconnaissance. J’ai eu l’occasion de rencontrer des personnes extraordinaires, juste après qu’on se soit accordé sur Zappa.

J’ai eu la chance de le voir en 1980 dans le théâtre Antique d’Orange.

Et quand je veux me retrouver quelque part dans les cités perdues de Démons et Merveilles, j’écoute toujours encore, Peaches En Regalia (“Hot Rats”, 1969)

Cette musique a un je ne sais quoi qui me (télé)transporte.

https://www.arte.tv/fr/videos/074615-000-A/zapped/

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