Lust, Caution (2007) 7/10

Temps de lecture : 3 minutes

Un drame complexe mêlant politique et sentiments, qui se passe en Chine vers 1940.

Ce film me semble une machine bien huilée, un peu trop même. Elle est conçue avant tout pour produire du ressenti (sentimentaliser).

Que le scénario n’hésite pas à donner dans le sexe cru, ne doit pas faire illusion. L’essentiel reste dans le très classique «  l’amour plus fort que la mort » et/ou « la mort plus fort que l’amour ».

On sait bien ce qu’il faut mettre comme carburant pour la faire fonctionner :

Du sexe, de la violence, du sang et une grosse romance. Il y a tout cela.

Agitez savamment. Prenez soin de disposer ces éléments de manière graduée, du plus petit au plus grand tourment, de l’amour naissant à l’amour dévastateur, et jusqu’au dénouement final. Alors le tour est joué.

En principe, peut être. Mais dans la vraie vie, je ne pense pas être le seul à ne plus marcher. Ce « produit » a sans doute nécessité pas mal de sueur, mais ce n’est pas à cela que je mesure sa qualité. Dans un film, il faut davantage inventer et mieux surprendre. Et puis il y a ce « je ne sais quoi » qui manque singulièrement ici.

Si l’on va jusqu’au bout et que l’on fait le bilan, ce n’est qu’un film romantique et très occidentalisé. Et cela ne tient qu’à une seule petite phrase murmurée par la belle in extremis « va-t-en ». Ce petit brimborion sauve l’excellent amant, qui n’en est pas moins un affreux gros méchant.

– – –

La mise en place est longue et fastidieuse. Ceux qui n’ont pas un recul historique suffisant vont facilement se perdre. Ces révolutionnaires se battent in fine contre quoi. Si leur cible c’est les collabos qui fricotent avec l’envahisseur japonais, cela se tient. Mais n’oublions pas qu’il y a aussi une guerre civile (Kuomintang et communistes) et des concessions internationales dans ce Shanghai, le statut particulier de Hong-Kong, des années 40. Et les révolutionnaires des uns peuvent se révéler les terroristes des autres. Conflit de position interminable.

Admettons que la petite bande politisée qui recrute la belle Wong Chia Chi soit motivée pour la bonne cause. Le film admet cependant par la suite que ces jeunes ont été bien naïfs. Cela complique tout. Autant déserté tout de suite les côtés techniques de leur lutte pour passer à l’affaire sentimentale.

Mlle Wong est encore vierge quand elle est jetée dans l’arène à Hong-kong. Sa mission est de coucher avec le très prudent Yee, qui navigue dans les hautes sphères du pouvoir.

Un jeune du groupe se dévoue pour la dépuceler. Soit.

Elle est maline et sait se faire accepter par les femmes des plénipotentiaires. Elle jouera un rôle de bourge parfaitement crédible. Les soutiens logistiques fourniront un appartement de luxe. Et les futurs assassins réussiront à faire croire qu’ils sont aussi de l’élite. Ça marche ! Mais malheureusement Yee est déplacé ailleurs pour son sale boulot.

Le frère d’un meneur se doute de quelque chose. Il sera la première victime de la bande.

Cela nous mène à trois ans plus tard.

Premières coucheries avec Yee. C’est affreusement brutal. Il veut non seulement la prendre physiquement mais dominer son âme : ” pénétrer mon corps ne lui suffit pas, il doit voir ma souffrance pour qu’il se sente vivant “. Il la traite comme une esclave et la bat. Les deux finissent par aimer ce jeu pervers.

L’attirance-haine qui les lie ne va pas diminuer. Pour prouver son amour au-delà des apparences désastreuses, Yee va offrir un immense diamant à sa belle.

Là les choses se précipitent. Le groupe tient enfin une occasion de s’approcher du vilain. Ils sont sur le point de le faire disparaître.

Suspense ! J’en ai déjà trop dit (confer au début)

L’intérêt réel réside dans la qualité des deux acteurs principaux et leurs parades amoureuses, feintes ou sincères. C’est un très grand art quand l’amour devient ainsi étonnement lucide. Un stade bien au dessus du brûlant amour aveugle.

Tony Leung Chiu-wai fait un brillant Monsieur Yee – Tang Wei est une remarquable Wang Jiazhi (Wong Chia Chi). Je retrouve chez elle, des traits qui m’ont frappé chez une amie asiatique particulièrement intelligente également. Franchement cela me parle… directement. C’est grâce à elle que le film passe à 7/10 (il méritait moins en soi)

Chapeau bas à ces interprètes.

Les seconds rôles tiennent la route également. En particulier pour ces discussions, lors de parties de Mah-jong, chez les femmes chinoises stylées du gratin.

La prise de vue est bonne également. Les reconstitutions urbanistiques sont souvent bien réalisées. Pas toujours.

Mais pour le reste, c’est bien trop formaté en film « vendeur », pour être convaincant.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lust,_Caution

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire