Madres paralelas. Routine Almodóvar. Penélope Cruz, Israel Elejalde. 7/10

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Quelque part, les derniers films du maître espagnol tendent à être des exercices de style. Il s’empare d’un sujet et le traite en long et en large. D’où une certaine frustration chez les spectateurs.

L’Almodóvar de 2021 ne déroge pas aux climats culpabilisants, qui ont fait son succès. Ces douleurs exquises sont dans la grande tradition du cinéma espagnol, où la faute judéo-chrétienne prend une place si importante. Certains, comme Luis Buñuel ou Carlos Saura, s’en délectent même, tant la jouissance fautive semble leur donner entière satisfaction. C’est une question de génération. Celle de nos pères, traînait avec elle pas mal de scories sado-masochistes, de ce fait.

Le procédé de la double histoire parallèle, mis en place par le réalisateur/scénariste/co-producteur Pedro Almodóvar, permet une neutralisation des émotions paroxystiques, des deux côtés. C’est très malin.

1) Le sujet des enfants échangés en maternité est puissant, surtout dans la mesure où un des deux bambins décède prématurément et qu’une seule des mères saura finalement de quoi il retourne.

Il faut aussi tenir compte des doutes qui surviennent en constatant qu’une des progénitures est plus basanée qu’il ne faudrait, avec deux parents blancs. Cela va poser de sérieux problèmes de confiance dans le couple.

Et puis les deux femmes concernées, dont la plus jeune Milena Smit, la mère du gosse défunt, ont fini par se rapprocher dangereusement, en tissant des liens amoureux. Cette promiscuité, avec comme balle au centre le bébé résiduel, n’arrange rien en théorie. Mais elle aidera beaucoup en réalité, une fois la tempête émotionnelle passée. Car ce sont des personnages de bonne compagnie, moins animés par un désir de conformité, que par la recherche d’un bonheur non conflictuel.

Ces complexités du scénario, pour des cas de figure poussés dans leur retranchement, restent pourtant acceptables. Elles ne sont pas si artificielles que cela.

2) En parallèle Almodóvar nous montre que les protagonistes scientifiques et/ou politisés, dont le couple Israel Elejalde et Penélope Cruz, ont obtenu que l’on procède à une exhumation de victimes du franquisme. Là encore cela joue du miroir, puisque il y a les restes du grand-père de Penélope Cruz. C’est ordonné et sans pathos. Et les chercheurs laissent la place à une cérémonie villageoise émouvante. Le trivial et le sacré se mêlent.

En dérivant ainsi sur un autre sujet, on nous libère du poids insoutenable de ces maternités catastrophiques. La situation insoluble, qui aurait pu mener au meurtre dans une série B, trouve une conclusion acceptable. Aucune mère ne tuera l’autre, ni en vrai, ni symboliquement, pour accaparer le bébé.

Penélope, 47 ans, est toujours très agréable à regarder et à écouter. Il faudrait quand même qu’elle surveille sa ligne, je la trouve bien trop maigre. Les autres acteurs fétiches de Pedro Almodóvar ont le ton juste. Ils fréquentent le maître depuis tant d’années, qu’il en serait étonnant autrement. Coucou Rossy de Palma !

Après, on peut se sentir ou non concerner par ces problématiques. Je ne le suis pas au premier chef et donc je n’irai pas plus loin qu’un 7/10.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Madres_paralelas

https://fr.wikipedia.org/wiki/El_Deseo

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