Avis. American Dreamz – Hugh Grant, Mandy Moore, Klein, Quaid – Résumé. (2006) 7/10

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Comment faire une film conventionnel, mais efficace, avec un scénario qui se moque des conventions ? Eh bien demandez à Paul Weitz le réalisateur d’American Pie.

Hugh Grant est formidable en animateur télé à succès. Son émission de télévision « live » dure depuis des années. Il est devenu passablement désabusé.

Son spectacle très calibré, propulse des candidats chanteurs amateurs sur la scène nationale. On en connaît tous de semblables. Et cela continue à avoir du succès.

C’est toujours un peu les mêmes profils qui sont exposés. Des filles excitées qui chantent en suraigu avec des airs faussement inspirés, des mecs torturés qui font dans la romance tristounette et toute une ribambelle d’aspirants qui sont juste là pour refléter les minorités.

Grâce à ce large spectre de « tout-venant », la plupart des spectateurs peuvent s’identifier.

La recette « un quart d’heure de célébrité » marche à plein tube. Grant est au sommet. Il s’agit maintenant d’essayer d’aller un peu plus loin, pour ne pas redescendre.

On va donc chercher des candidats main-stream mais avec de meilleurs storytelling que d’habitude.

Mandy Moore a parfaitement compris le jeu. Cette jeune chanteuse occasionnelle est totalement « américaine moyenne ». C’est une blondinette pas moche qui affiche ce côté nunuche qu’affectionne tant ses compatriotes. De plus elle est auteure-compositrice-interprète dans la vraie vie, ce qui permettra quelques morceaux de bravoure. C’est aussi une comédienne professionnelle. Et grâce à ce rôle en or elle pourra nous donner toute l’étendue de son talent. Elle va donc être une gentille petite quand il faut, mais aussi une garce rusée qui sait mener sa barque. Enfin elle deviendra elle-même un personnage clef du show-biz. Elle reste crédible dans chacune de ses interprétations. C’est assez bluffant. Elle a un côté Virginie Efira.

Chris Klein est son soupirant. Elle ne partage pas vraiment ses ultimes ambitions, consistant en gros à être plombier chef. Elle veut le larguer le plus rapidement possible. Le gars déçu part immédiatement en Irak. Il est rapatrié le même jour après avoir reçu une balle dans le bras. Du coup, il pourrait passer pour un héros, petit chéri de l’Amérique. Le réalisateur se moque ouvertement de lui. Un coach qui soutient Mandy conseille de se réconcilier avec lui. Il s’agit d’en faire une arme fatale, en lui demandant de faire sa demande en mariage lors de la finale. De quoi faire basculer n’importe quel vote.

Sam Golzari est un jeune arabe chargé de se faire sauter avec une ceinture d’explosif, au contact du président des USA. Mais il se trouve qu’il adore les comédies musicales et les chanteurs US en général. Un quiproquos le fera entrer dans le casting du télé-crochet. Bien que piètre performer, il y sera très à son aise. Il arrivera à la finale, en dépit de tout les pronostics.

  • La raison en est bien simple. Notre animateur Hug a rompu avec sa compagne. Il se verrait bien maintenant avec Mandy, qui est en quelque sorte son alter ego arriviste. En privilégiant un compétiteur qui a peu de chance de gagner, il place sa belle dans un fauteuil.

En parallèle se déroule un drame national. Le président, incarné par Dennis Quaid,  vient d’être réélu pour un nouveau mandat, mais il a un sérieux coup de mou.

Il est vraiment incompétent, voire bête, comme c’est toujours le cas dans ces comédies satiriques. C’est une marionnette dans les mains de son plus proche conseiller, joué par Willem Dafoe.

Là, il reste au lit, totalement prostré. Pour essayer de faire taire les rumeurs de dépression, on tente de le regonfler médiatiquement.

Il participera à la finale de American Dreamz au côté de Hugh. Il n’aura qu’à dire des mots aimables aux compétiteurs et le tour sera joué. Le problème est que même pour ces simples tirades, il a absolument besoin d’une oreillette.

Et bien entendu dans ce milieu de micro hautes fréquences, il y aura trop d’interférences. Il sera donc livré à lui même et dira des âneries.

Mais ceci n’aura guère d’importance car la situation devient extrêmement dramatique. Le problème est ailleurs. L’arabe chantant aura quand même des scrupules et laissera sa bombe non déclenchée dans les WC.

Pas de bol, Chris, qui devait proposer la bague d’épousailles sous les feux de la rampe, va voir que sa belle se fait lustrer dans sa loge par l’animateur. Il s’empare de la bombe artisanale et va lui vouloir se suicider avec en public.

Le président nous fera le numéro du chef apaisant qui dit les mots qu’il faut pour désamorcer la situation. Mais les choses ne vont pas vraiment bien se passer.

Cette parodie très classique a quand même pas mal de petits trucs en plus.

Les idées moqueuses sont nombreuses. Même si la qualité n’est pas toujours au rendez-vous, la quantité fait l’affaire.

Il y a suffisamment de contestations grinçantes, et bien servies, du modèle américain pour qu’on se réjouisse.

Et puis les acteurs sont de premier plan. Ce qui évite de sombrer dans le nanar.

Voilà que je cherche des justifications. C’est que malgré tous les poncifs résiduels, je me suis bien amusé. Et j’ai presque honte de le dire.

Ce n’est pas de ma faute, si les critiques intellectuels, pourtant si clairvoyants avec le cinéma torturé, ont du mal avec le comique de base. Et ici ils ont vraiment fait les gros yeux.

Je revendique le droit de rire bêtement.

https://www.letemps.ch/culture/cinema-mercredi-american-dreamz-reve-den-rire

https://fr.wikipedia.org/wiki/American_Dreamz

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