Voilà un film de Buñuel dont on ne sort pas indemne, encore maintenant. Imaginez ce qu’il en a été pour les spectateurs de 1962 !
Le long métrage en noir et blanc est tourné au Mexique. Il n’aura pas pu l’être dans l’Espagne franquiste. Pourtant il semble que c’est surtout à cette dernière qu’il s’adresse.
Pas que le sujet soit politique, mais parce qu’il touche l’éternel d’une société trop policée, quand elle est engoncée dans son formalisme extrême. Or quoi de plus formel qu’une aristocratie complaisante et remise dans le « bon ordre » par le régime réactionnaire, quand il atteint sa vitesse de croisière ? Le « savoir vivre » affiché, n’est plus qu’un catéchisme rigide et vain auquel tout le monde doit se conformer.
Voyez le résumé et l’histoire du film ici : Résumé. Ange exterminateur Buñuel surréaliste – Aperçu (1962) 8/10
Et si par ce court-circuit mémoriel, j’avais ressenti au plus profond de moi, que l’oeuvre iconoclaste aurait du se dérouler tout entière dans un lieu saint ?
Imaginez la scène, aux implications encore plus grandioses avec des cadavres dans le confessionnal, des scènes d’amours sur les bancs, des blasphèmes bien caractérisés en crachant sur les saintes effigies, des guenilles qui sèchent sur la Croix, des baptistères servant d’urinoir…
Oui c’est cela qu’il voulait (ou qu’il aurait du vouloir) mais qui aurait été forcément interdit par n’importe quelle censure de pays à domination catholique.
– – –
Ce genre de film est assez « inclassable » et il faudrait que cela reste comme cela. Cela ne change pas grand-chose d’en faire une œuvre surréaliste, poétique, prophétique, politique, sociétale, psychanalytique, spiritualiste, symboliste, athée… ou non.
Et pourquoi donc vouloir y trouver un message caché. C’est que l’esprit humain cherche un plan, une explication en toutes choses.
Mais le message alors pourrait être qu’il n’y a pas toujours d’explication. En particulier en ce qui concerne la vie, la mort. Un message en forme de non-message. Personnellement, je préfère m’en tenir là.
(*) La Boucle Étrange dans l’Offrande Musicale de J.-S. Bach, le « Canon Éternellement Remontant » « Canon per tonos » qui donne l’impression d’une croissance sans fin. Confer Gödel, Escher, Bach, et les « Brins d’une Guirlande Éternelle » de Hofstadter.
« À leur tête, comme roi, elles ont l’Ange de l’Abîme ; il s’appelle en hébreu “Abaddôn”, et en grec “Appolyôn”1. »
— Apocalypse selon saint Jean 9,11
Voyez le résumé et l’histoire du film ici : Résumé. Ange exterminateur Buñuel surréaliste – Aperçu (1962) 8/10
https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27Ange_exterminateur_(film)
Silvia Pinal
Enrique Rambal
Claudio Brook
José Baviera
Augusto Benedico
Luis Beristáin
Antonio Bravo
Jacqueline Andere
