Avis. Habiter le monde. Togo, takientas – Philippe Simay penseur vulgaire – Résumé (2017) 5.5/10

Temps de lecture : 2 minutes

Encore un documentaire où sévit le simplificateur Philippe Simay, paré de son titre ronflant et peu réglementé de « philosophe de l’architecture ». Il est chargé de faire revivre le rousseauisme auprès des bobos des villes.

  • Penseur “vulgaire” au sens de penseur de la pensée commune main stream (vulgus).

Cette affaire là est centrée sur une peuplade, les Batâmmaribas, qui loge dans des “takienta”. D’autres orthographes existent.

Ces maisons de terre en forme de citadelles médiévales, à étages et toutes en courbes, ont deux petites tours qui correspondent à deux greniers distincts. L’une pour les subsistances du mari (sud) et l’autre pour celles de sa femme (nord). C’est dit comme cela.

Une grande terrasse où l’on mange mais où on fait aussi sécher les céréales et faites de cercles enchevêtrés. Le rez de chaussée est réservée aux animaux mais aussi aux cérémonies qui concernent les ancêtres. L’étage est aux humains.

Le commentaire angélique de Philippe Simay, voudrait faire passer cela pour une sorte de maison idéale avec une complémentarité parfaite homme/femme, voire une égalité, et une solidarité villageoise absolue. Il y a la mythologie de l’autosuffisance et celle de l’autogestion par la micro-communauté paysanne. Si tous les gars du village se tiennent la main, alors s’édifient mutuellement leurs constructions. Sauf les femmes, elles sont dispensées. L’égalité supposée s’étant déjà arrêtée bien avant.

Peu crédible tout cela.

Bien sûr qu’on peut se rendre des services mutuels. Mais on ne naît pas maçon. Il faut bien se spécialiser.

Cet habitat a été conçu pour être défensif, pas pour faire fantasmer les neuneus décroissants. On se protégeait des animaux sauvages et des invasions venues d’ailleurs, avec ces murs borgnes et cette construction en hauteur. Rien à voir avec les Bisounours.

Et maintenant les villageois logent dans du dur, bien rectangulaire et confortable, à proximité des tanguieta(s) ou takyiènta(s) ou takienta(s). On parle aussi de Tata Somba pour ces maisons anciennes.

Le reportage hypocrite ne nous avoue pas, que ces maisons ne sont plus que des reliquats, puisque la doxa veut que l’habitat traditionnel ne peut être que le summum. Mais le drone le montre clairement.

Et comme cela fascine tellement les occidentaux, maintenant on construit comme cela pour les touristes, de manière modernisée. Ce sont des restaurants, des hôtels, avec tout le confort. Cette réalité m’est soufflée par une amie béninoise (cette culture est à cheval entre le Togo et le Bénin). Voilà d’où je parle.

Mais bien entendu le reportage préfère son cadre préconçu : « Pensée autour de l’équité, de la convivialité et du partage, chaque takienta est construite en famille, avec des matériaux naturels et recyclés…» ils ont oublié de dire que cela « préserve la biodiversité » et « lutte contre le réchauffement climatique »– Rendez vous pour cela au prochain épisode, je suppose.

Mon dieu que « ces Aubes sont navrantes » !

https://www.arte.tv/fr/videos/072421-002-A/habiter-le-monde/

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire