Avis. Les Duellistes. Film Ridley Scott. Harvey Keitel (1977) Résumé. Keith Carradine. Aperçu 8/10

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Comment se fait-il que cette petite perle cinématographique, que l’on doit à Ridley Scott, se soit fait si discrète ? Étonnant et somme toute inespéré.

Ce scénario qui semble a priori très simple, cache pas mal de psychologie et de perspicacité. On dirait une parabole au final. Le propos est plus exigeant qu’il n’y paraît.

L’idée de base est celle d’un impérieux désir d’en découdre. Une chasse à l’homme sans limite, travestie en combat chevaleresque.

Le très bagarreur Harvey Keitel, fait une fixette sur Keith Carradine, alors qu’à la base ce dernier est juste porteur d’un mauvais message. Keith en service commandé signifie poliment à Harvey que la hiérarchie le met aux arrêts. Cela résulte de ses provocations incessantes, dont son dernier duel.

Dans la foulée, celui qui n’est qu’un pauvre intercesseur est provoqué lui aussi en duel, mais sans que la raison en soit clairement formulée. Keitel en veut à la terre entière mais cristallise son ressentiment sur un Carradine pourtant fin et nuancé.

Le bretteur paranoïaque, blessé dans son orgueil, nourrit instantanément une haine circonstancielle, qu’il habille en mépris pour celui qu’il désigne comme un laquais du commandement.

Ils doivent se battre un point c’est tout.

Ce premier duel aura bien lieu et sera suivi au fil des années par quelques autres. Harvey ne serait apaisé que par la mort de Keith. Sous couvert de code de l’honneur, il y a une animalité agressive sans limite dans son comportement. Ce qu’il dit être son honneur est en fait son égo. Mais peut-être est-ce toujours le cas pour cette notion insaisissable. Et dans cette systématisation de sa pulsion dans le rituel du duel se cache une extension de sa psychorigidité.

Peut-être qu’une des explications de cette férocité se trouve dans l’instinct de se sentir propriétaire de toutes les femelles. Il y aurait une sorte d’équivoque à la base. Mais franchement que tout cela est discret.

Les dialogues, tant à fleuret moucheté que par touches sanglantes, sont de qualité. Et on croit aisément à cette poursuite incroyable.

Le contexte historique napoléonien et de la Restauration est habilement campé, avec ces retournements de veste qui permettent la survie dans ces époques dangereuses et troublées. Seul un Européen cultivé pouvait retransmettre cela. Et ce n’est pas juste une question de restitution fidèle de costumes historiques. Cela va bien plus loin.

Et dire que ce fut le premier film de Ridley Scott, basé tout de même sur une nouvelle du grand Joseph Conrad. Dommage que notre réalisateur talentueux n’ai pas poussé par la suite dans ces exigences créatives là. Il a même fini par sombrer dans le mercantilisme aguicheur d’un Gladiator.

Combien de fois aurais-je pu crier dans ma courte période d’écrivain-cinéphile « Je hais la critique ! » En tout cas celle qui se situe dans ce main-stream si conformiste, si suiviste et si médiocre. Ici plus qu’ailleurs, en ne sachant pas discerner et encourager ce grand talent naissant, on a fait dévier la trajectoire de notre pauvre Ridley déçu vers des horizons bien moins exigeants. Ces marais du cinéma où adorent se vautrer les juges malvoyants. Et sans doute ont-ils ainsi coupé les ailes d’un possible nouveau Kubrick, pour en faire un besogneux du spectacle de masse.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Duellistes

Harvey Keitel,
Keith Carradine

Joseph Conrad

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