Avis. Ma geisha. Shirley MacLaine – Yves Montand – Résumé. (1962) 6,5/10

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Un film sentimental américain d’une grande naïveté. Il n’a pas peur de véhiculer la plupart des poncifs du genre, et ce tout au long des ces deux heures de spectacle, riche en cartes postales.

Mais, je peux quand même dire qu’il est sauvé – de justesse -, par le jeu intelligent d’une belle brochette d’acteurs.

Yves Montand figure un réalisateur dont le succès repose en grande partie sur celui de sa femme – elle-même actrice. Shirley MacLaine incarne cette comédienne, plutôt comique, et qui professionnellement en impose à tous.

Lui, il en a un peu marre de jouer au prince consort. Ça le travaille, question de fierté.

Le Français pense que sa chance est venue avec ce nouveau tournage au Japon. Enfin les producteurs vont le débarrasser du poids monumental de son épouse célèbre.

Il pourrait même choisir cette fois une authentique comédienne nipponne, pour ce Madame Butterfly à grand spectacle. Il a des idées. Il revit.

En réalité, le producteur incarné par le grand Edward G. Robinson, a discrètement réemployée Shirley, car il ne croit pas du tout que Montand peut s’en sortir seul. Mais elle tellement grimée et nipponisée en geisha, qu’Yves n’y voit que du feu. C’est aussi un dispositif destiné à faire le buzz, grâce à un coming outlors de la première.

  • La domination masculine semble totale au pied du mont Fuji. La geisha est cataloguée comme étant service de l’homme. Et ce pour toutes les « tâches » qu’on peut imaginer.
  • Shirley MacLaine nous fait une impeccable geisha au second degré.
  • La fierté de coq gaulois s’inspire alors de principes qui ne sont pas très différents. En tout cas, elle vise à conforter une certaine préséance de l’homme laborieux sur la femme au foyer. Avec si possible le sacrifice de la dernière au profit du premier, si le choix est avancé.
  • Montand se débrouille bien dans ce rôle de totale composition.
  • Edward G. Robinson, qui est l’instigateur de la chose, nous fait un habile entre deux.
  • Robert Cummings, joue assez mal ici les seconds couteaux.

Tout le film est basé sur cet ergotage bien masculin, les quiproquos qui s’ensuivent et les états d’âmes qu’exposent tour à tour les protagonistes. La découpe du scénario est donc on ne peut plus classiquement hollywoodienne.

Et Yves finira par comprendre le subterfuge. Il se sentira blessé qu’on ait voulu le trahir ainsi. Ses espoirs d’un succès qui lui serait propre, s’envolent. Il pensera que son épouse préfère son aura de star, à l’équilibre de son mari.

Shirley sera elle-même froissée. Mais pour une autre raison. Elle croira qu’Yves veut la tromper avec son double extrême-oriental.

Mais la sagesse qui vous tombe nécessairement dessus, au pays du lever du soleil, pourrait bien tempérer les choses.

C’est une bluette sur les sentiments éternels et les habituels allers-retours de ceux qui s’aiment. En vrai, dans cette pudibonderie classique, bien entendu personne ne trompe jamais personne. Et l’honneur du mâle sera préservé.

  • D’ailleurs, vous connaissez la chanson (interprétée par Montand) : Mais la vie sépare, Ceux qui s’aiment, Tout doucement, Sans faire de bruit, Et la mer efface sur le sable, Les pas des amants désunis… et là c’est du cinéma, il y aura donc forcément une suite en happy-end.

Avec ce genre de film (pour fille?), on est forcément toujours un peu agacé, nous les mecs, de se laisser prendre. Mais bon, on a des excuses quand on se laisse embarquer par de telles pointures du cinéma.

A noter que le film dans le film se permet de se moquer un peu des trucs de la production, en particulier la promotion des produits bien prototypés.

Reste le classique impérialisme blanc dans cette variation également lubrique du Monde de Suzie Wong (1960) et de ces fantasmes. Les vainqueurs espèrent la dévotion amoureuse inconditionnelle de ces petites femmes extrêmes orientales.

Inutile de dire qu’il est très dangereux d’en avoir la nostalgie à présent. N’espérez « officiellement » que quelques miettes des cinquantenaires et plus. Et encore faut-il que ce soient les plus intransigeantes, les plus hargneuses, les plus revêches. Essayer de se faire aimer d’une femme jeune, jolie, aimante et douce, c’est désormais forcément suspect. Fini le parcours du tendre. Bonjour le sport de l’extrême.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ma_geisha

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