Tamara et sa mère Anna O., sont deux femmes ukrainiennes courageuses et actives. Comme on en trouve sans doute beaucoup là bas. Mais leur destin est à part car davantage lié à l’Europe occidentale (disons espace Schengen)
Je les ai connu à l’époque où l’Ukraine était relativement paisible. Elles vivaient en Suisse, pas loin de chez moi. J’ai pu apprécier leur gentillesse, leur énergie, leur culture et leur intelligence.
- Anna me disait alors qu’elle aurait préféré se priver de nourriture, s’il le fallait, pourvu que sa fille puisse faire de grandes études. Cela vous donne une idée du caractère. Et Tamara a été à la hauteur de ses espérances.
Il n’y a pas mieux que ce genre de contacts, pour découvrir en profondeur d’autres parties du monde, et pour dissoudre le moindre résidu de xénophobie, s’il en restait encore.
Il m’a tout de suite semblé qu’il y avait entre nous une communauté d’esprit. Réellement, ces personnes étaient de civilisation européenne, tout autant que nous. Pour moi c’est une simple évidence, mais peut-être que cela nécessite plus de réflexion chez de nombreux compatriotes.
Deux séjours dans ce pays m’ont confirmé cette bonne impression. Ce peuple courageux qui a été broyé par les soviétiques, restait quand même confronté à de sérieuses difficultés. On ne sort pas parfaitement indemne d’une telle épreuve. Mais on sentait que les Ukrainiens prenaient les choses en main. On ne pouvait qu’espérer qu’ils viennent à bout de tous leurs maux.
J’étais par ailleurs averti de ces questions de double appartenance (langue ukrainienne distincte de la langue russe) et de ce que cela sous entendait. Il n’était d’ailleurs pas question pour ces personnes de rejeter un côté ou l’autre de leur double culture… pourvu qu’elles aient la liberté.
Comme vous le savez, la Russie a envahi ce beau pays. Tamara, qui a fait de brillantes études internationales, est basée à Bâle depuis de nombreuses années. Sa mère par contre était à Kiev (Kyiv) au début du conflit. La capitale était quasiment encerclée à un moment et il a fallu prendre des décisions de sécurité.
Le rapatriement a été organisé par Tamara et soutenu par plusieurs amis. Elle a été exfiltrée vers l’Ouest du pays. Puis a regagné un convoi humanitaire en retour vers la Suisse, en passant par la Hongrie.
Inutile de dire que le coeur de Anna était brisé. Elle aurait voulu rester et résister comme les autres. Elle n’est pas venue en Suisse pour être à l’abri. Sa grandeur d’âme a fait qu’elle s’est immédiatement attelé à l’aide pour l’Ukraine à partir de la Suisse. Et travaille à cela quasiment nuit et jour. Il en est de même pour sa fille.
Pour comprendre cet engagement extrêmement intense, il faut aussi avoir assisté à la ferveur de ces femmes dans les églises orthodoxes. Je ne suis pas croyant personnellement, mais on ne peut qu’être troublé par tant de conviction.
Je tenais à les saluer ici. Elles font autant de bien que ces Ukrainiennes plus célèbres, dont on a parlé sur ce site. Preuve que la solution est en chacune d’entre elles sans exception, mais aussi en chacun d’entre nous.
Sachez le : La quasi totalité des Ukrainiens (95%) pensent que l’Ukraine sera en mesure de repousser avec succès l’invasion russe, selon les résultats d’une enquête sociologique menée par le groupe Rating (5/4/22)
Cet engagement incroyable de tout un peuple, redonne foi en l’humanité. Et n’oublions qu’ils se battent autant pour eux, que pour nous tous.