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Comme quoi la simple présence du fringant James Mason et de la séduisante Claire Bloom ne suffit pas à faire un bon film.

Carol Reed réalise un film de guerre froide des plus classiques. Il pense que les frissons sont assurés, en agitant les peurs et les fantasmes sur l’au delà du rideau de fer. Et comme cela se passe à Berlin, on a droit à des passages à haut risque de transfuges. Frissons pas forcément assurés.

Reed a voulu réitérer son succès de 1949, obtenu avec Le Troisième Homme et son quatuor d’enfer, Joseph Cotten, Orson Welles, Alida Valli, Trevor Howard. Le« scénariste » était Graham Greene. A l’époque cela se déroulait à Vienne.

Le film est à suspense et il nous fait pas mal de cachotteries. Ainsi on ne découvre que petit à petit qui est réellement cet énigmatique allemand, joué par le très anglo-saxon James Mason. Il y a des chuchotements, il y a des silences, qui en disent long. Claire Bloom tente de les déchiffrer.

Celle qui interprète sa sœur rongée d’inquiétude, Hildegard Knef, est d’une profonde blonditude ultra-germanique. Jeune actrice, elle a même été approchée par Joseph Goebbels, mais a pu lui échapper. Elle tente de protéger sa sœur Claire Bloom, qui dans la vraie vie est intrinsèquement une brune, mi ashkénaze, mi juive polonaise de part sa naissance. Grand écart dans la famille Mallison !

Ce teasing dilatoire sur le passé et le présent de Mason et le positionnement de Hildegard est très téléphoné. Nos rusés concepteurs le diffuse à petit feu, car il est supposé augmenter notre intérêt. Il ne faut pas gâcher.

Moi, je ne vais pas vous faire attendre. Je vous révèle d’emblée que ce James manipulateur, traîne derrière lui de grosses casseroles, type atrocités nazies pendant le conflit, mais sans doute sur ordres, et compromissions avec le KGB après. Il organise maintenant des kidnappings de gars de l’ouest au profit des communistes à l’est. C’est pas bien ça !

La belle Claire Bloom grisée par l’ambiance et le charme du bel Anglais, est prête à tout lui pardonner. Elle le veut tout contre elle. Tant pis s’il est déjà marié et si ce coquin voit tout d’abord en elle une possibilité de négocier avec ceux qui le poursuivent.

Son désir à elle est trop violent pour ne pas entraîner l’humanité entière ; en tout cas au moins une moitié.

Lui finit par être intrigué par cette jolie personne. Passée la case complotiste, il est perturbé par le fait d’avoir le double d’âge de cette jeunette de 22 ans… Tiens maintenant il a des scrupules. Cet homme de 44 ans succombera à son charme, et abandonnera ses plans détestables. Qui ne serait pas tenté, d’un côté comme de l’autre. Beau couple en vérité.

L’évasion vers l’ouest de nos tourtereaux est semée d’embûches, comme il se doit. Le suspense à rebondissements est classique.

Dans le style, je préfère de loin la fuite ultime du Rideau déchiré. Film magnifique de Hitchcock avec Paul Newman en savant atomiste chargée de voler aux soviétiques une formule secrète, Julie Andrews sa complice, Lila Kedrova en superbe comtesse déclassée Kuchinska…

Et forcément, comme il y a une justice immanente, notre Mason sera quand même puni, malgré sa rédemption par l’amour.